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1er-29 novembre 2005

France. Poursuite des violences dans les banlieues

Le 1er, le Premier ministre Dominique de Villepin reçoit, en présence du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, les familles des deux adolescents dont la mort accidentelle, à la suite d'une opération de police, en octobre, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), est à l'origine des violences qui secouent depuis lors les cités du département. Ces troubles s'étendent les jours suivants à d'autres départements franciliens ainsi qu'à d'autres régions.

Le 2, une personne handicapée est grièvement blessée dans l'incendie d'un autobus, à Sevran (Seine-Saint-Denis). Dans la nuit, des policiers sont la cible de deux tirs à balles réelles à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Le 3, le rapport de l'Inspection générale des services sur les événements d'octobre établit l'absence de relation de causalité entre l'opération de police et la mort des deux adolescents. Le parquet de Bobigny ouvre toutefois une information judiciaire contre X pour « non-assistance à personnes en danger », après le dépôt, la veille, d'une plainte en ce sens par les parties civiles.

Le 3 également, les maires de banlieues reçus par le Premier ministre rejettent un « énième plan d'urgence » et dénoncent la diminution des moyens alloués au maintien du tissu social sous forme d'aides aux associations, d'emplois-jeunes ou d'effectifs policiers.

Le 3 toujours, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, dont les relations s'étaient tendues depuis le début de la crise des banlieues, affichent une unité d'action, se regroupant autour du mot d'ordre « fermeté et justice ». Dans la nuit du 3 au 4, six cents véhicules sont incendiés dans le pays. Les jours suivants, ce chiffre augmentera pour atteindre environ mille quatre cents véhicules détruits dans la nuit du 6 au 7. Il diminuera ensuite.

Le 6, Jacques Chirac réagit publiquement pour la première fois à la crise, en déclarant que « la priorité absolue est le rétablissement de la sécurité et de l'ordre public ».

Le 7, le Premier ministre annonce le recours à la loi du 3 avril 1955, qui prévoit l'instauration de l'état d'urgence « en cas de péril imminent résultant d'atteintes graves à l'ordre public ». Précédemment appliquée dans le cadre de la guerre d'Algérie et des troubles de 1984-1985 en Nouvelle-Calédonie, cette loi accorde des pouvoirs de police exceptionnels au ministre de l'Intérieur et aux préfets, parmi lesquels l'application du couvre-feu. Dominique de Villepin annonce également des mesures en matière d'éducation, dont la possibilité d'entrer en apprentissage dès quatorze ans au lieu de seize, ainsi que le rétablissement des aides aux associations de quartier.

Le 7 également, un retraité, qui avait été pris à partie et frappé par des jeunes le 4 à Stains (Seine-Saint-Denis), meurt des suites de ses blessures.

Le 8, le Conseil des ministres décrète l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire à compter du 9, à 0 heure. Les mesures d'exception sont renforcées dans les zones urbaines dites sensibles de vingt-cinq départements. La gauche dénonce cette décision, à l'exception du Parti socialiste.

Le 9, Nicolas Sarkozy demande aux préfets d'expulser les étrangers impliqués dans les violences urbaines, y compris ceux qui sont en situation régulière.

Le 10, huit policiers du commissariat de La Courneuve, qui avaient battu un jeune interpellé le 7, sont suspendus de leurs fonctions. Le lendemain, cinq d'entre eux sont mis en examen.

Le 14, dans une déclaration télévisée, Jacques Chirac diagnostique dans les violences urbaines « une crise de sens, [...] de repères, [...] d'identité » à laquelle il faut répondre « en étant fermes, en étant justes, en étant fidèles aux valeurs de la République ». Il annonce l'établissement d'un « service civil volontaire » qui concernerait cinquante mille jeunes en 2007.

Le 15, l'Assemblée nationale adopte le projet de loi prorogeant pour trois mois l'état d'urgence. L'U.M.P. et l'U.D.F votent pour; le P.S., le P.C. et les Verts votent contre.

Le 15 également, le ministre délégué à l'Emploi Gérard Larcher déclare que la polygamie constitue l'une des causes des troubles survenus dans les banlieues. Le président du groupe U.M.P. à l'Assemblée Bernard Accoyer fait de même le lendemain. L'insuffisante maîtrise des flux migratoires est évoquée par nombre de responsables de la majorité.

Le 18, le Premier ministre met en garde contre « certains amalgames » qui résultent de la recherche d'une « cause unique » à la crise des banlieues.

Le 21, le chef de l'État exige le respect de la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains qui oblige sept cent cinquante communes à atteindre le taux de 20 p. 100 de logements sociaux sur leur territoire.

Le 22, Jacques Chirac reçoit les partenaires sociaux puis les directeurs des chaînes de télévision publiques et privées pour leur demander de respecter la « diversité » sociale en favorisant la représentation des minorités.

Le 22, cent cinquante-trois députés et quarante-neuf sénateurs, menés par le député de la Moselle François Grosdidier (U.M.P.), demandent au ministre de la Justice l'application de sanctions à l'encontre de sept groupes de rap dont les textes incitent au racisme « anti-Blanc » et à la haine de « la France ».

Le 29, devant le comité interministériel de contrôle de l'immigration, le Premier ministre annonce un durcissement des mesures de regroupement familial, un renforcement de la lutte contre les mariages blancs et une sélection accrue des étudiants étrangers. Cette politique d'immigration « choisie » applique en partie le principe des quotas défendu par Nicolas Sarkozy.

— Universalis

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