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1er-28 février 2021

Birmanie. Coup d’État militaire

Le 1er, l’armée décrète l’état d’urgence et arrête la conseillère d’État – qui fait fonction de Première ministre – Aung San Suu Kyi, ainsi que le président de la République Win Myint. Le vice-président Myint Swe assure l’intérim. Le commandant en chef des forces armées, le général Min Aung Hlaing, invoque le refus du gouvernement et de la commission électorale de prendre en compte les accusations de « fraudes » relatives aux élections législatives de novembre 2020. Celles-ci ont été remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi.

Le 2, tandis qu’un mouvement de désobéissance civile se met en place, Min Aung Hlaing installe sous sa direction un Conseil d’administration de l’État, qui désigne une nouvelle commission électorale. Les militaires ont occupé le pouvoir de 1962 à 2011. La dissolution de la junte en mars 2011 avait ouvert la voie à une démocratisation du régime.

Le 3, un tribunal de Naypyidaw inculpe Aung San Suu Kyi pour « avoir importé et utilisé illégalement des équipements de réception et de transmission radio » – des talkies-walkies utilisés par son service de sécurité. Win Myint est quant à lui accusé d’avoir violé les restrictions sanitaires quand il a accueilli un rassemblement de partisans de la LND en septembre 2020.

Contestation du coup d’État militaire en Birmanie, 2021 - crédits : Stringer/ Anadolu Agency/  AFP

Contestation du coup d’État militaire en Birmanie, 2021

À partir du 6, des centaines de milliers de personnes manifestent quotidiennement dans les rues des grandes villes du pays contre le coup d’État militaire. Ces rassemblements sont les plus importants depuis ceux de la « révolte des moines » dirigés contre la junte, en août et septembre 2007. Des appels à la grève générale sont partiellement suivis.

Le 9, une première manifestante, Ma Mya Thwate Thwate Khaing, est mortellement blessée par la police à Naypyidaw ; elle décédera le 19. Les arrestations de proches d’Aung San Suu Kyi, de responsables de l’ancien gouvernement, de militants prodémocratie et d’étudiants se multiplient.

Le 20, la répression des manifestations à Mandalay fait deux nouveaux morts parmi les protestataires. Ces violences suscitent la réaction de nombreux pays occidentaux qui condamnent l’action des forces de l’ordre.

Le 26, la nouvelle Commission électorale annule les résultats des élections législatives de novembre 2020.

Le 26 également, l’ambassadeur Kyaw Moe Tun, représentant de la Birmanie aux Nations unies, dénonce devant l’Assemblée générale de l’ONU « les crimes contre l’humanité commis par la junte contre le peuple birman ». Il s’exprime au nom du Comité représentatif du Pyidaungsu Hluttaw (CRPH, d’après le nom du Parlement birman), qui regroupe des élus de l’opposition au sein d’une sorte de « Parlement fantôme ».

Le 28, les forces de l’ordre tirent à balles réelles sur les manifestants à Rangoon, Mandalay et d’autres villes du pays, faisant au moins dix-huit morts. Des centaines de personnes sont arrêtées. La répression du précédent grand mouvement de contestation, en 1988, avait causé quelque trois mille morts.

— Universalis

Événements précédents

  • 8 novembre 2020 Birmanie. Élections législatives

    La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la conseillère spéciale de l’État (Première ministre) Aung San Suu Kyi remporte largement les élections législatives, améliorant encore sa majorité absolue. La LND obtient 258 sièges sur 440 à la Chambre des représentants et 138 sièges sur 224 à la Chambre...

  • 10 mars 2020 Birmanie. Échec d’une tentative de réduction des pouvoirs de l’armée

    Le Parlement rejette le projet de réforme constitutionnelle introduit par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), la formation de la « conseillère de l’État » Aung San Suu Kyi, dans le cadre de sa campagne visant à réduire les pouvoirs de l’armée. Le projet prévoyait de réduire le quota de 25 p....

  • 23 janvier 2020 Birmanie. Ordonnance de la CIJ sur le risque de génocide des Rohingya

    La Cour internationale de justice (CIJ) rend une ordonnance imposant à la Birmanie de prendre des mesures concrètes pour protéger la minorité musulmane rohingya, qu’elle estime soumise à un « risque réel et imminent » de génocide. La CIJ avait été saisie en novembre 2019 par la Gambie, agissant au nom...

  • 7 mai 2019 Birmanie. Libération de deux journalistes de l’agence Reuters

    Les deux journalistes de l’agence de presse britannique Reuters, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, condamnés en septembre 2018 à sept ans de prison pour violation de secrets d’État, sont amnistiés par le président Win Myint et libérés. Lors de leur arrestation en décembre 2017, les deux hommes enquêtaient sur...

  • 6-27 septembre 2018 Birmanie. Initiatives judiciaires internationales

    Le 6, la Cour pénale internationale (CPI) se déclare compétente pour enquêter sur la déportation des Rohingya vers le Bangladesh. Rangoon n’a pas ratifié le traité créant la CPI, mais Dacca (Dhaka) en est membre. En août, un rapport de la Mission d’établissement des faits sur la Birmanie, créée par l’ONU,...

  • 3 septembre 2018 Birmanie. Condamnation de deux journalistes de l’agence Reuters

    Un tribunal de Rangoon condamne deux journalistes birmans de l’agence Reuters, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, à sept ans de prison pour atteinte aux secrets d’État. Les deux journalistes arrêtés en décembre 2017 enquêtaient sur l’exécution de Rohingya par des soldats birmans dans un village de l’État de l’Arakan....

  • 27 août 2018 Birmanie. Accusation de génocide portée contre le chef de l’armée

    Un an après l’opération menée par l’armée dans l’ouest du pays contre la population musulmane des Rohingya — population persécutée depuis octobre 2016 —, la Mission d’établissement des faits sur la Birmanie créée en mars 2017 par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU publie son rapport. Celui-ci...

  • 21-28 mars 2018 Birmanie. Démission du président Htin Kyaw

    Le 21, le président Htin Kyaw, malade, annonce sa démission. Aung San Suu Kyi, qui ne pouvait exercer cette fonction, avait fait élire ce proche conseiller à ce poste en mars 2016, à la suite de la victoire de sa formation, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), aux élections législatives de novembre...

  • 16 janvier 2018 Birmanie - Bangladesh. Accord sur le retour des Rohingya

    Naypyidaw et Dacca présentent les modalités de l’accord, annoncé en novembre 2017, relatif au retour en Birmanie des Rohingya qui se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir la répression de l’armée. Ce retour, qui doit s’étendre jusqu’au début de 2020, concerne les Rohingya qui peuvent prouver qu’ils ont...

  • 27 novembre-2 décembre 2017 Vatican - Birmanie - Bangladesh. Visite du pape François en Asie

    Les 27 et 28 novembre, le pape François se rend en visite en Birmanie où il rencontre le général Min Aung Hlaing, commandant en chef de l’armée, la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et le clergé bouddhiste. Invité à ne pas prononcer le nom de Rohingya pour ne pas sembler valider l’origine birmane de...