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KRASIŃSKI ZYGMUNT (1812-1859)

Une philosophie de la non-violence

Toute l'œuvre ultérieure de Krasiński développa et précisa ensuite les réflexions dont s'inspiraient La Comédie non divine et Irydion, pour en composer une philosophie cohérente. Celle-ci se construit dans le prolongement de la pensée hégélienne sous la forme que lui donna le philosophe ami du poète, August Cieszkowski. Le système repose sur le développement dialectique d'une série de triades qui lient l'ordre ontologique à celui de l'histoire où, après l'Antiquité (l'époque du Père) et le christianisme historique (l'époque du Fils), qui s'achève, doit s'ouvrir une ère nouvelle qui, en proclamant le règne de l'Esprit-Saint, scellera l'accord entre la volonté de l'homme et celle de Dieu. Dans l'avènement des temps nouveaux, la Pologne a un rôle d'initiatrice. L'étendue de ses souffrances n'est pas le signe d'une expiation de ses fautes, mais celui d'une vocation exemplaire. Comme le Christ est mort et ressuscité pour le salut et l'immortalité de l'âme individuelle, ainsi la Pologne est morte et ressuscitera pour le salut et l'immortalité des nations. La tâche qui lui est dévolue est une tâche collective ; pour l'accomplir elle doit demeurer pure et renoncer à la violence : Les Trois Pensées de Ligenza (Trzy myśli po Ligenzie, 1840), Avant l'aube (Przedświt, 1843), Les Psaumes de l'avenir (Psałmy przyszłości, 1845-1848).

Prodigieuse par la quantité, remarquable par la qualité, la Correspondance de Krasiński – malheureusement détruite en partie au cours de la dernière guerre – doit être comptée comme une part essentielle de son œuvre. Ses réactions spontanées à l'endroit de tout ce qui affecte son temps – lettres, arts, politique, histoire, philosophie – autant que ses confidences sur sa vie intérieure en font un document exceptionnel sur l'homme et sur l'époque.

Si sa poésie est souvent gagnée par la rhétorique et l'emphase, la prose lyrique de Krasiński est incomparable par sa richesse, son ampleur, sa densité ; avec le nombre et le mouvement, elle a une tenue souveraine qui, dans Irydion, notamment, la place parmi les plus hautes manifestations de la prose polonaise.

— Jean BOURRILLY

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Pour citer cet article

Jean BOURRILLY. KRASIŃSKI ZYGMUNT (1812-1859) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • POLOGNE

    • Écrit par Jean BOURRILLY, Universalis, Georges LANGROD, Michel LARAN, Marie-Claude MAUREL, Georges MOND, Jean-Yves POTEL, Hélène WLODARCZYK
    • 44 233 mots
    • 27 médias
    ...les conditions de l'exil et de l'émigration, va éclater l'originalité du romantisme, avec Adam Mickiewicz (1798-1855), Juliusz Słowacki (1809-1849) et Zygmunt Krasiński (1812-1859), ceux auxquels est appliquée la notion spécifique de wieszcz : poète inspiré, barde, prophète, guide spirituel de la nation...

Voir aussi