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DE MARIA WALTER (1935-2013)

<it>Lightning fields</it>, W. de Maria - crédits : J. Cliett, courtesy of Dia Art Foundation, New York

Lightning fields, W. de Maria

Artiste américain qui vivait à New York, Walter De Maria (né en 1935 à Albany, Californie) était un solitaire, qui produisait peu, se refusant à tout commentaire sur une œuvre qui n'est réductible à aucune classification, même si certaines de ses réalisations s'apparentent, non sans ironie et distance, aux courants marquants de la seconde moitié du xxe siècle. Ainsi, le mouvement Fluxus n'est pas étranger à Art Yard, projet insensé de faire creuser par des bulldozers et avec la participation du public un immense trou en plein New York, pour créer un événement ; tandis que Box (1961, boîte en contre-plaqué, refaite ultérieurement, coll. Dia Art Foundation, New York) pourrait être rattachée au minimalisme préfigurant les volumes de D. Judd ou de R. Morris, ainsi que la série Cross (1966), Museum Piece (1967) et Star (1972) : croix latine, croix gammée et étoile de David en acier poli, à l'intérieur desquelles circule une boule d'acier. On pense aussi à l'art conceptuel en présence de ces dessins invisibles dont le seul élément visible est l'inscription ténue de quelques mots (1964-1969). À partir de 1968, avec Double Parallel Lines (deux parallèles tracées à la craie et longues d'un mile dans un désert du Nevada ; le projet original, consistant en l'élévation de deux murs parallèles, date de 1961), sa démarche s'inscrit dans le contexte du land art, dont il reste avec Robert Smithson l'une des figures essentielles. Le land art permet à ces deux artistes d'échapper aux contraintes du marché de l'art. Chacune des œuvres de Walter De Maria nécessitant un énorme investissement, une fondation américaine, la Dia Art Foundation, subventionne depuis 1977 la réalisation de ses travaux. Si certaines de ses pièces relèvent plus d'une approche conceptuelle comme New York Earth Room (1977, 335 m2 de surface de terre exposée en permanence dans une galerie) ou Vertical Earth Kilometer (1977, barre de cuivre de 5 cm de diamètre et de 1 km de longueur, enterrée verticalement sous la Friedrichplatz de Kassel et signalée en son extrémité par une plaque de grès rose de 2 m2), d'autres au contraire s'imposent par leur spectaculaire beauté, même si leur accès est très difficile. Ainsi le Lightning Field au Nouveau-Mexique (1971-1977), champ rectangulaire de 1 kilomètre sur 1 mile, constitué de quatre cents paratonnerres de hauteurs différentes, distants, chacun, de 67 mètres. Cette sculpture permanente, qui doit être vue sur une période de vingt-quatre heures, est soumise aux conditions atmosphériques et ne prend sa pleine dimension que par temps d'orage.

En 1982, De Maria présente dans le forum du Centre Georges-Pompidou 3600 Yi King/64 Sculptures (1981), œuvre composée de soixante-quatre sculptures, dont chacune comprend six éléments en bois laqué blanc de section hexagonale (entiers ou divisés en deux), espacées régulièrement. Chaque sculpture couvre une surface de 2 mètres carrés. L'emplacement de chaque élément est déterminé en référence à un ouvrage chinois attribué à Confucius, qui établit des lois de combinaison, à résonance cosmique et religieuse, de soixante-quatre hexagrammes ou symboles. En 1987-1988, Walter De Maria a voyagé dans plusieurs continents, choisissant 400 tonnes de pierres blanches (marbre, quartz, magnésite) pour réaliser 5 Continent Sculpture. La version originale, pesant environ 325 tonnes, a été exposée à la Staatsgalerie de Stuttgart, et une version plus petite (un cube d'acier de 5 mètres sur 5 contenant 200 tonnes de pierres) a été installée au siège social de Daimler-Benz à Möhringen en 1989.

Pour la célébration du bicentenaire de l'Assemblée nationale, Walter de Maria a conçu une sculpture pour la cour d'honneur de l'édifice (1989-1990) : une sphère en granit gris de 2 mètres de diamètre posée[...]

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Écrit par

  • : conservateur à l'ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Béatrice PARENT. DE MARIA WALTER (1935-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Lightning fields</it>, W. de Maria - crédits : J. Cliett, courtesy of Dia Art Foundation, New York

Lightning fields, W. de Maria

Autres références

  • LAND ART

    • Écrit par Gilles A. TIBERGHIEN
    • 3 673 mots

    Au début des années 1960, une tendance de l'art américain, mais aussi européen, va mettre de plus en plus l'accent sur l'utilisation des matériaux naturels, la terre, l'eau ou l'air, qui manifestent le processus à l'œuvre et impliquent du même coup une nouvelle conception de la durée dans l'art. Corrélativement,...

  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 8 011 mots
    • 4 médias
    ...négatif, plus que du volume plein et compact. Les œuvres du land art peuvent aussi se fonder sur un appareillage technique extrêmement sophistiqué. Ainsi Walter De Maria (1935-2013) crée-t-il au milieu d’un plateau désert du Nouveau-Mexique, à une altitude de 2 200 mètres, The Lightning Field (1977),...

Voir aussi