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VERT ÉGYPTIEN, histoire de l'art

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Deux pigments artificiels, l'un bleu et l'autre vert, de l'Égypte pharaonique constituent une particularité technologique et historique. Le plus célèbre, le bleu égyptien, apparaît à la IVe dynastie (2620 avant J.-C.). Il est présent sur tous les décors égyptiens ainsi que dans les peintures du pourtour méditerranéen des premiers siècles de notre ère. Le vert égyptien, de teinte turquoise, a été utilisé de façon moins systématique, uniquement sur les territoires de l'empire égyptien. Les éléments constitutifs de ces deux pigments étant les mêmes, on a longtemps pensé que le pigment vert dérivait du bleu, soit à cause d'un mauvais suivi du procédé de synthèse, soit par altération.

Entreprise en 1997, l'analyse physico-chimique des pigments bruts (conservés au Département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre) a été conduite par le Laboratoire de recherche des musées de France (L.R.M.F.) par spectroscopie (U.V.-visible et Raman), microscopie (optique, électronique à balayage et à transmission) et diffraction des rayons X. Elle a permis en 1999 d'établir pour la première fois le procédé de fabrication du pigment vert.

Le vert égyptien est caractérisé par une phase vitreuse majoritaire donnant sa couleur turquoise au pigment et emprisonnant des cristaux de parawollastonite (CaSiO3) et des restes siliceux (quartz, et/ou tridymite ou cristobalite). Il est obtenu par cuisson oxydante entre 900 0C et 1 150 0C d'un mélange enrichi en calcium et en fondant (7 p. 100 au minimum) et appauvri en cuivre. L'espèce siliceuse remplaçant le quartz dès 950 0C dépend de la quantité de fondant. La présence de dendrites siliceuses permet de conclure à un refroidissement lent.

Bleu et vert égyptiens correspondent donc à deux réalisations intentionnelles d'une corporation d'artisans travaillant selon des techniques de céramistes en collaboration avec des métallurgistes, et ayant toujours conservé leurs secrets d'atelier. Un corpus d'une quarantaine d'échantillons archéologiques a permis d'attester l'usage du vert égyptien dès la première Période intermédiaire (2200 avant J.-C.) ; les analyses se poursuivent afin de comprendre les mécanismes d'altération de ce matériau et ainsi d'expliquer sa possible disparition des monuments égyptiens de l'Ancien Empire.

— Sandrine PAGÈS-CAMAGNA

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Écrit par

  • : docteur en sciences des matériaux, ingénieur au laboratoire de recherche des Musées de France, C.N.R.S., U.M.R. 71

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Pour citer cet article

Sandrine PAGÈS-CAMAGNA. VERT ÉGYPTIEN, histoire de l'art [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009