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RATTAZZI URBANO comte (1808-1873)

Piémontais d'Alexandrie, où il est né, Urbano Rattazzi se voue tout d'abord exclusivement à la profession d'avocat et n'entre que tardivement dans la politique avec son élection, en 1848, au parlement subalpin. Député de sa ville natale, qui le réélira constamment jusqu'à sa mort, il prend une part active aux travaux législatifs, ce qui lui vaut le portefeuille de l'Agriculture dans le bref gouvernement Casati (juillet-août 1848). Lors de la poussée démocratique qui se manifeste dans le Piémont, il passe à l'opposition qui réclame la reprise des hostilités contre l'Autriche. Collaborateur de l'abbé Gioberti, président du Conseil, Rattazzi l'encourage dans ses projets de relance de la crise italienne malgré l'impréparation morale, financière et militaire du pays. Après que Gioberti, désavoué par la plupart de ses collègues, se fut démis, c'est Rattazzi qui lui succède en fait le 21 février 1849. Le 14 mars, il annonce au Parlement que « l'heure de la revanche a sonné ». Mais la brève campagne se termine par le désastre de Novare le 23 mars ; Rattazzi, qui en porte très largement la responsabilité, sera désormais pour ses adversaires « l'homme de Novare ». Lorsque le Piémont entre en convalescence sous la direction de Massimo d'Azeglio (1849-1852), Rattazzi, qui est à la Chambre le leader du centre gauche, soutient la politique de laïcisation du président du Conseil. Il se lie alors avec Cavour et conclut avec le chef du centre droit le célèbre « mariage » (connubio) qui permet une majorité de gouvernement. Ministre de l'Intérieur en 1854, Rattazzi, au cours de ses six années de collaboration avec Cavour, accomplit la partie la plus positive de sa carrière. Il seconde ce dernier dans ses efforts de modernisation du royaume et l'aide à imposer une politique aux vues lointaines avec l'intervention dans la guerre de Crimée (1855-1856). Mais, après le traité de Paris (1856), une crise économique secoue le Piémont, et les élections de 1857 ne sont gagnées que de justesse ; Cavour sacrifie alors Rattazzi.

Tandis que les relations entre Cavour et Victor-Emmanuel II seront toujours difficiles, Rattazzi parvient, au contraire, à se concilier par sa souplesse la faveur du roi, qu'il laisse libre de donner cours à ses velléités périodiques de pouvoir personnel. Orateur sans puissance mais dialecticien retors, caractère dépourvu de rectitude, ambigu et rusé, habile aux manœuvres, sa personnalité est loin de susciter le respect. Redevenu président de la Chambre au début de 1859, il remplace Cavour au lendemain des préliminaires de paix de Villafranca. Mais incapable de dominer une situation de plus en plus complexe, Rattazzi doit céder de nouveau la place à Cavour. Jusqu'à la mort de son successeur en juin 1861, il mènera contre lui un combat acharné, notamment à propos de la cession de Nice à la France. En 1862, Rattazzi remplace Ricasoli et pense le moment venu de réaliser ses grands desseins politiques. Intriguant à la fois avec la droite et avec la gauche, il encourage en sous-main Garibaldi à attaquer Rome, quitte à le désavouer en cas d'insuccès. Devant la réaction française, Rattazzi doit faire arrêter par l'armée royale le chef des Chemises rouges à Aspromonte le 29 août 1862 et cet épisode entraîne sa chute. Bien que son crédit soit au plus bas, Rattazzi est chargé à nouveau de former le gouvernement. Il renouvelle ses manœuvres de 1862 contre Rome, mais cette fois en violation de la convention du 15 septembre 1864 avec la France garantissant l'intégrité des États du pape. Rattazzi pense susciter dans la ville des mouvements hostiles à Pie IX qui justifieraient l'intervention. Devant les protestations de Napoléon III, il fait arrêter Garibaldi dont les partisans sont déjà en action. Mais, tandis que la France met sur pied une expédition[...]

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Pour citer cet article

Paul GUICHONNET. RATTAZZI URBANO comte (1808-1873) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAVOUR CAMILLO BENSO DE (1810-1861)

    • Écrit par Franco CATALANO, Universalis
    • 3 212 mots
    • 1 média
    ...réagir contre le choix réactionnaire de d'Azeglio, Cavour favorisa, en février 1852, le connubio, alliance du centre droit et du centre gauche conduite par Urbain Rattazzi. Cette alliance élimina définitivement de la direction des affaires publiques les classes conservatrices et réactionnaires et fit accéder...

Voir aussi