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ARGHEZI TUDOR (1880-1967)

L'entrée en littérature

Mêlé à la vie littéraire de Bucarest, il publie des vers et chroniques dans différentes revues, notamment dans Cronica (« La Chronique ») – qu'il a fondée lui-même, en 1915, avec son ami, Gala Galaction.

En 1916, il prend parti contre l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés des Alliés et il est interné dans la prison de Văcăreşti. Cette expérience, et notamment la fréquentation de condamnés de droit commun, lui inspirera de nombreux poèmes.

En 1922, il prend la direction de la revue Cugetul românesc (« La Pensée roumaine ») puis du journal Naţiunea (« La Nation »). À partir de 1928, il publie un périodique de format très réduit et de caractère essentiellement polémique, Bilete de papagal (« Billets de perroquet »). En 1927 paraît son premier recueil de vers, Cuvinte potrivite (« Paroles assorties »), puis en 1931 Flori de mucegaiu (« Fleurs de moisissure »), en 1935, Carticica de seară (« Le Petit Livre du soir ») et, en 1939, Hore (« Farandoles »).

En prose, il publie en 1930 Icoane de Lemn (« Icônes de bois ») dont le sous-titre est significatif : Din Amintirile ierodiaconului Iosif (« Souvenirs du diacre Joseph »), peinture très caricaturale de la vie des moines orthodoxes, Poarta neagră (« La Porte noire »), recueil de ses souvenirs de prisonnier, en 1933 Tablete din tara de Kuty (« Tablettes du pays de Kuty ») – kutya veut dire « chien » en hongrois –, satire des mœurs roumaines de son temps. En 1934, avec Ochii Maicii Domnului (« Les Yeux de la Vierge Marie »), il aborde le roman psychologique et donne en 1936, dans Cimitirul Buna Vestire (« Le Cimetière de l'Annonciation »), une peinture à nouveau satirique de ses contemporains, cette fois sous une fiction : les morts d'un cimetière ressuscitent et reprennent leur place au milieu des vivants. Le roman Lina (1942), qui se passe dans une fabrique de sucre, stigmatise les industriels étrangers au pays et exalte la dure vie des ouvriers.

En marge de ces écrits – la plupart à résonance polémique – Arghezi a composé, en 1932, un recueil d'esquisses, Cartea cu jucării (« Le Livre des jouets ») où il met en scène ses deux jeunes enfants.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Tudor Arghezi publie, en octobre 1943, un pamphlet intitulé Baronul (« Le Baron »), où, s'en prenant sous un mode voilé au baron Von Killinger, agent diplomatique de Hitler à Bucarest, il dénonce les exactions des troupes allemandes. Le maréchal Antonescu le sauve du pire en le faisant interner dans une prison roumaine à Tîrgu-Jiu, où il reste quelques mois.

Après la guerre, Arghezi jouit pour un temps d'une certaine notoriété : les Éditions d'État publient en 1946 un choix de ses poèmes et une anthologie de ses « Billets de perroquet ». En 1946, la seule pièce de théâtre qu'il ait écrite, Seringa (« La Seringue »), est jouée au Théâtre national.

Mais des « malentendus », comme disent ses biographes roumains, surgissent entre le pouvoir et lui. Pendant huit ans, il reste dans l'ombre, ne s'adonnant qu'à des traductions ou adaptations d'œuvres étrangères, telles, notamment, les Fables de La Fontaine et celles de Krylov. En 1955, cependant, Arghezi rentre en grâce par la publication d'un recueil de poèmes intitulé 1907, où il célèbre la fameuse jacquerie du début du siècle et stigmatise les boyards. En 1956, il donne un grand poème, Cântarea omului (« Hymne à l'homme »), où il chante « la naissance de l'homme et l'obscurité de son origine, la découverte du feu, l'invention des outils, l'évolution et la lutte des classes » (Luc-André Marcel). Devenu poète national de la Roumanie nouvelle, il publie de nombreux volumes, en vers et en prose. Une édition complète de ses œuvres paraît en 1959.

Sous la monarchie,[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à l'Institut national des langues et civilisations orientales et à l'université de Paris-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Alain GUILLERMOU. ARGHEZI TUDOR (1880-1967) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROUMANIE

    • Écrit par Mihai BERZA, Catherine DURANDIN, Universalis, Alain GUILLERMOU, Gustav INEICHEN, Edith LHOMEL, Philippe LOUBIÈRE, Robert PHILIPPOT, Valentin VIVIER
    • 34 994 mots
    • 17 médias
    En marge de cette effervescence, des écrivains qui s'étaient déjà affirmés avant le conflit mondial continuent cependant leur carrière, tel T. Arghezi, au lyrisme virulent, tels aussi Ion Minulescu (1881-1944) ou G. Bacovia (1881-1957), symbolistes roumains, représentants attardés, pourrait-on...

Voir aussi