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BURNS TOMMY (1881-1955)

Le boxeur canadien Tommy Burns fut champion du monde des poids lourds de 1906 à 1908. Mais sa défaite, titre en jeu, face au Noir Jack Johnson provoqua de multiples réactions à caractère raciste et mit le monde de la boxe sens dessus dessous.

Noah Brusso est né le 17 juin 1881 à Hanover, en Ontario. Il entame une carrière de boxeur professionnel, avec comme nom de ring Tommy Burns, en 1900. Six ans plus tard, il devient champion du monde des poids lourds : le 23 février 1906, à Los Angeles, il bat l'Américain Marvin Hart sur décision de l'arbitre au terme des vingt rounds. Ce pugiliste de petite taille (1,70 m) va défendre victorieusement sa ceinture onze fois. Il bat notamment Jim Flynn et Jack O'Brien. Cependant, il ne suscite guère l'engouement en Amérique du Nord et, à la fin de 1907, il part pour l'Angleterre, où il défait plusieurs pugilistes de faible niveau. Il boxe même à Paris : en 1908, il bat « Jewey » Smith, puis Bill Squires. Il se rend alors en Australie, où il confirme son titre, de nouveau face à Bill Squires, puis contre Bill Lang.

Au moment où il devint champion du monde, il avait promis – dans le contexte de tensions raciales de l'époque – à James J. Jeffries, un de ses glorieux prédécesseurs, de ne jamais permettre à un boxeur noir d'accéder au combat pour la couronne mondiale. Mais ses victoires ne lui ont apporté ni la renommée ni la fortune. Aussi, le 26 décembre 1908, à Sydney, contre la garantie d'une bourse de 34 000 dollars et d'une partie de la recette, il accepte d'affronter le redoutable Jack Johnson. Malgré son courage, Burns n'est pas de taille, et Johnson s'impose sur arrêt de l'arbitre à la quatorzième reprise, devenant le premier Noir champion du monde des poids lourds. La victoire du Noir Jack Johnson sur le Blanc Tommy Burns provoque de multiples réactions outrancières. Dans la presse, les comptes rendus du combat sentent presque toujours la mauvaise foi : « Le Canadien n'était pas absolument hors de combat. Mais le spectacle devenait si pénible, la foule s'excitait à ce point que la police ordonna à l'arbitre de prononcer sa sentence », peut-on lire. Les États-Unis sont même le théâtre de quelques émeutes. Toujours est-il qu'un Noir est bel et bien champion du monde des poids lourds. Quant à Tommy Burns, il ne disputera plus que de rares combats. Peu avant de raccrocher définitivement les gants, en 1920, il intègre l'armée canadienne ; il enseigne alors le « noble art » aux jeunes recrues militaires. Au cours de sa carrière, il a disputé soixante combats, remportant quarante-six victoires (dont trente-six par K.O.).

Tommy Burns se lance ensuite dans les affaires – il est notamment propriétaire d'une boutique de vêtements – et tient un bar clandestin. Vers la fin de sa vie, il se tourne vers la religion et est ordonné ministre du culte en 1948. Il meurt dans la misère, le 10 mai 1955, à Vancouver.

— Universalis

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  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Universalis. BURNS TOMMY (1881-1955) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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