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BEECHAM THOMAS (1879-1961)

Ce chef d'orchestre anglais est à l'origine de la majeure partie de la vie symphonique et lyrique londonienne. Originaire du Lancashire, il naît à Saint-Helens, le 29 avril 1879, dans une famille très riche (les Laboratoires Beecham) qui l'envoie étudier à Oxford. Il apprend la musique en dilettante et utilise sa fortune pour organiser des concerts, puis fonder des troupes d'opéra et des orchestres qu'il dirige lui-même. Entre 1902 et 1904, il est engagé comme chef d'orchestre dans une petite compagnie lyrique, le K. Trueman Traveling Opera. Puis il fonde le New Symphony Orchestra of London (1906-1908) avant de prendre la direction du Covent Garden (1910-1913) avec l'appui de la fortune familiale (les théâtres fonctionnaient alors en concession et les directeurs étaient responsables de leur gestion sur leurs fonds propres). Il redonne au premier opéra anglais un lustre perdu depuis bien longtemps et présente pour la première fois en Grande-Bretagne Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, Salomé, Elektra, et invite les Ballets russes, Fedor Chaliapine, Richard Strauss, Wilhelm Furtwängler et les plus grands interprètes de son temps. Il dirige ensuite à Drury Lane, puis, en 1916, les concerts de la Royal Philharmonic Society avant de fonder la Beecham Opera Company (qui deviendra la British National Opera Company). Mais sa fortune ne résiste pas au coût de ses réalisations et il fait faillite en 1920.

Thomas Beecham - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Getty Images

Thomas Beecham

À cette époque, il est déjà considéré comme le plus grand chef d'orchestre britannique et a été anobli en 1916 pour les services rendus à la musique anglaise. Il mène une carrière d'invité qui lui permet notamment de faire ses débuts américains en 1928 à New York. En 1929, il consacre à Londres un festival à l'œuvre de Frederick Delius et organise le Delius Trust, destiné à assurer l'édition et l'enregistrement de la musique de ce compositeur. En 1932 il fonde le London Philharmonic Orchestra et revient à la direction de Covent Garden (1933-1939) après une saison consacrée à Wagner. Pendant la guerre, il quitte la Grande-Bretagne pour une importante tournée en Australie, au Canada et aux États-Unis : il est directeur musical du Seattle Symphony (1941-1943) et dirige régulièrement au Metropolitan Opera de New York (1942-1944). Mais l'accueil qu'il y rencontre n'est pas très chaleureux, tant sur le plan artistique, où son côté autodidacte dilettante est difficilement compatible avec le professionnalisme des orchestres américains, que sur le plan humain, où le mépris qu'il porte aux cultures non britanniques est particulièrement mal reçu dans le contexte de la guerre. De retour en Angleterre, il perd ses fonctions à Covent Garden et les musiciens de l'Orchestre philharmonique de Londres choisissent l'autogestion. Il décide alors de fonder un nouvel orchestre, le Royal Philharmonic Orchestra (1947), dont il assumera la direction jusqu'à la fin de sa vie. Il meurt à Londres, le 8 mars 1961.

Beecham a joué un rôle déterminant pour faire connaître la musique anglaise dans le monde entier. Mais il a également imposé la musique de Sibelius et de Richard Strauss en Angleterre et contribué au regain d'intérêt que connaissaient alors Haydn et Mozart. Son approche de la musique ancienne passait par des arrangements très personnels dont il était l'auteur et dont notamment Le Messie de Haendel a connu les égards. Mais rien ne pouvait remplacer l'enthousiasme qu'il communiquait à tous ses collaborateurs. L'homme cultivait un humour légendaire et un raffinement qui convenait particulièrement à la musique française, qu'il a su servir, notamment dans un enregistrement de Carmen avec Victoria de Los Angeles, qui constitue encore une référence.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. BEECHAM THOMAS (1879-1961) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Thomas Beecham - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Getty Images

Thomas Beecham

Autres références

  • COVENT GARDEN

    • Écrit par Jean CABOURG
    • 1 126 mots
    • 5 médias

    Le jardin conventuel dont les estampes de Hogarth restituent dans The Rake's Progress la vie grouillante, et sur l'emplacement duquel s'élève l'actuel Opéra royal, a toujours constitué l'un des hauts lieux de la vie londonienne, riche par ailleurs d'innombrables salles de théâtre et d'opéra au...

Voir aussi