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TAO HONGJING[T'AO HONG-KING](452-536)

Patriarche taoïste de la Chine du Sud, homme exceptionnel grâce auquel le taoïsme religieux a pu survivre aux persécutions dont il fut l'objet à l'époque.

Né à Danyang (près de Nankin), patrie de Ge Hong, Tao Hongjing fait preuve d'une grande aptitude pour l'étude. Encore jeune, il est nommé précepteur de la famille impériale, poste qu'il quittera de son propre chef en 482. Il s'installe alors sur les collines proches de Danyang, à l'endroit où, selon la légende, les trois frères Mao, saints taoïstes de l'Antiquité, auraient obtenu l'immortalité. Tao appelle cet endroit le Maoshan et y construit une sorte de phalanstère qui devient vite un centre intellectuel. Lui-même ne pratique pas seulement le taoïsme, mais témoigne d'une curiosité et d'une capacité scientifiques très étendues.

Il écrit des ouvrages sur la médecine, l'astronomie et la philologie classique. Son catalogue de plantes médicinales (bencao), malheureusement perdu, est resté pendant longtemps le plus important ouvrage du genre. Tao applique les méthodes de critique textuelle, alors en plein développement, à la collation et à l'édition de textes taoïstes ; sa plus grande contribution dans ce domaine est l'édition critique des textes révélés, cent cinquante années plus tôt, au même endroit, à Xu Mi (303-373) et Yang Xi (né en 330). Parmi ces documents, exceptionnels pour l'histoire du taoïsme et d'un style d'une très grande beauté, les pièces les plus marquantes, celles qui rapportent les révélations personnelles des divinités aux deux adeptes, sont groupées et éditées en un seul ouvrage, le Zhengao (Avertissements des hommes réels). Celui-ci a été une source de controverse considérable : il a été taxé d'hétérodoxie, de syncrétisme et de contrefaçon par Zhu Xi (1130-1200) et même Hu Shi (1891-1962) !

Tao Hongjing passe les trente dernières années de sa vie sous le règne de l'empereur Wu des Liang (502-549), dont la dévotion excessive au bouddhisme, restée célèbre dans l'histoire de la Chine, entraîne une longue proscription des taoïstes. Leurs phalanstères sont confisqués, leurs religieux forcés de rentrer dans le siècle. Seul, Tao Hongjing, dont le prestige est immense à l'époque, y échappe. Il semble d'ailleurs que l'empereur Wu ait maintenu des relations d'amitié avec lui, car une correspondance entre le prince et le prêtre, portant sur des questions philosophiques, est conservée dans le Canon taoïste.

Ainsi, à une époque où le bouddhisme est religion d'État dans la Chine du Nord et où les classes dirigeantes du Sud sont prises d'un enthousiasme, éphémère il est vrai mais fort violent, pour la religion indienne, Tao Hongjing et son cénacle du Maoshan réussissent à conserver la grande tradition taoïste, à la transmettre aux générations postérieures et à assurer la continuité entre le taoïsme des Six Dynasties et celui des Tang.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. TAO HONGJING [T'AO HONG-KING] (452-536) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TAOÏSME

    • Écrit par Kristofer SCHIPPER
    • 8 938 mots
    • 1 média
    ...du Shangqing jing connurent une diffusion rapide, les révélations plus personnelles ne furent éditées que plus tard par un homme de génie nommé Tao Hongjing (452-536), qui appliqua à l'étude et l'édition des textes ésotériques toute la rigueur de la critique textuelle que la Chine avait développée...

Voir aussi