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SUPRÉMATISME (SUPREMUS N° 58 AVEC JAUNE ET NOIR) (K. Malévitch)

Cette œuvre de Malévitch, réalisée en 1916, apparaît comme un dépassement de ce « zéro des formes » que l'artiste avait atteint avec son Quadrangle noir (1913). D'emblée, il nous faut admettre que la réalité, ainsi qu'elle l'était pour Malévitch, est « un phénomène purement pictural... » (Des nouveaux systèmes dans l'art, 1919). Dans cette logique, l'image contribue à l'élaboration d'un langage indépendant, avant tout libéré des contraintes imitatives. C'est alors, pouvait affirmer Malévitch, que la toile devient pour l'artiste, comme pour le spectateur, « l'endroit où son intuition crée le monde ». L'espace de la toile n'est donc plus qu'un point de départ, le lieu de la projection d'un nouvel ordre purement pictural que suggère l'organisation des lignes, des formes et des couleurs. En ce sens, le tableau se tient à la limite de sa possible disparition, lorsque son rôle sera devenu obsolète. D'un côté, il demeure un nécessaire support visuel, une incitation dynamique pour le regard qui s'y attache. De l'autre, il n'est qu'une « surface créatrice », pour reprendre les termes du peintre : une impulsion à partir de laquelle la réalité émanera, désormais, de ce mouvement de genèse perpétuelle, de cette « intuition » permanente que fonde l'élan suprématiste.

— Hervé VANEL

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)

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Pour citer cet article

Hervé VANEL. SUPRÉMATISME (SUPREMUS N° 58 AVEC JAUNE ET NOIR) (K. Malévitch) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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