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RAVANEL SERGE (1920-2009)

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Polytechnicien, ingénieur, conseiller ministériel : si ces titres ont contribué à ce que Serge Ravanel devienne grand officier de la Légion d'honneur, c'est son engagement dans les années 1940 qui en a fait l'un des quatre mille titulaires de la médaille de la Résistance avec rosette et l'une des figures emblématiques de la Libération.

Né à Paris, le 12 mai 1920, d'une émigrée de Tchécoslovaquie, le futur Serge Ravanel, fils du peintre Arnold Koblitz, est élevé par sa mère, divorcée de François Asher. Commissionnaire en haute couture, elle est remariée à Charlie Weber, mandataire suisse aux Halles de Paris qui contribue à l'éducation de Serge Asher. Entré à l'École polytechnique en septembre 1939 au sortir du lycée parisien Louis-le-Grand, il est élève-officier à l'école d'artillerie de Fontainebleau en mai 1940. Évacué sur Poitiers puis en Limousin après la déroute de juin, il se porte volontaire pour encadrer un chantier de jeunesse en Savoie. S'il croit momentanément à un maréchal Pétain bouclier d'une France dont le général de Gaulle serait le glaive, il distribue en 1941 des bulletins du général Cochet, l'un des premiers résistants de métropole dès juin 1940. Après s'être associé à un groupe lyonnais, il rejoint la revue Temps nouveaux puis décide de se tourner vers l'activisme, en fabriquant des bombes incendiaires. Jacques Brunschwig le fait entrer dans Libération-Sud dont il devient un permanent, attaché au comité directeur, à l'été de 1942.

S'il s'occupe d'assurer des liaisons et de fabriquer des faux-papiers, il forme surtout des Groupes-Francs (G.F.) pour des sabotages et des missions de protection. Arrêté à Lyon le 15 mars 1943, il s'évade le 24 mai et poursuit ses activités, sous le pseudonyme de Ravanel, au sein des Mouvements unis de la Résistance (M.U.R.), nés en janvier 1943 de la fusion de Combat, Franc-Tireur et Libération-Sud, les trois mouvements de zone Sud. C'est un de ses groupes qui réussit, le 21 octobre, l'attaque qui libère Raymond Aubrac et douze autres résistants. S'il se charge des régions de Clermont, Lyon et Limoges, il veille à structurer les G.F. dans les six régions de zone Sud en désignant aussi des responsables départementaux qui animeront souvent, en 1944, l'efficace guérilla en commandos des Corps francs de la Libération (C.F.L.) institués dans les M.U.R. devenus Mouvement de libération nationale à la fin de 1943.

Nommé chef des C.F.L. le 1er avril, il part pour Toulouse où, ayant déjoué tous les pièges de la clandestinité et lutté pour des armements plus nombreux, il commande, sous le pseudonyme d'Hexagone, les quarante-quatre mille combattants de R4 (la région toulousaine). Le général Koenig le fait, le 6 juin, colonel des Forces françaises de l'intérieur (F.F.I.) à vingt-quatre ans ; il veillera alors à préserver le patrimoine industriel et économique régional. Appréciant la sympathie croissante des populations, ce bourgeois devient progressiste car il voit dans les couches populaires « un esprit majoritaire de dévouement, d'abnégation et de patriotisme ». Comme le commissaire de la République Jean Cassou, il veut que les comités de libération partagent l'autorité avec l'administration et que la totalité du programme du Conseil national de la Résistance s'applique. Ces choix et l'utilisation des guérilleros antifranquistes contribuent à l'excessive réputation d'une République rouge. Aussi, le 16 septembre 1944, à Toulouse, le général de Gaulle réaffirme durement la nécessité de l'ordre. Il reconnaît cependant la valeur de ceux qui ont animé le Sud-Ouest résistant : ses quatre responsables, les civils Jean Cassou et Pierre Bertaux et, au titre des F.F.I., Serge Ravanel et son adjoint départemental, l'helléniste[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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Pour citer cet article

Charles-Louis FOULON. RAVANEL SERGE (1920-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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