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SEATTLE

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

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Quinzième agglomération américaine avec ses 3,867 millions d’habitants (730 000 dans la ville même en 2018), Seattle est une ville portuaire de la côte nord-ouest des États-Unis, dans l’État de Washington. Abritée du Pacifique par l’immense baie du Puget Sound, elle est édifiée sur une langue de terre entre les eaux de la baie et celles du lac Washington. La ville bénéficie d’un environnement marqué par la présence de l’eau et, au sud, la silhouette du mont Rainier, volcan qui culmine à 4 392 mètres. Capitale de l’informatique et de l’aéronautique à l’échelle mondiale, l’agglomération s’étale d’Everett, au nord, à Tacoma, au sud, et compte parmi les villes les plus attractives des États-Unis.

Le site de la baie Elliott, située dans le Puget Sound, est occupé depuis longtemps par les Amérindiens Duwamish et Suquamish quand, en 1851, les premiers colons européens, menés par l’explorateur et homme politique Arthur Denny, s’y installent. Parmi eux figure un médecin, David Swinson Maynard, grand défenseur des droits des Amérindiens, qui nommera la ville en l’honneur de Seattle, chef des tribus amérindiennes locales avec qui il avait noué des liens étroits. L’industrie du bois et son transport vers San Francisco entraînent le développement d’un village, qui compte 1 150 habitants en 1870. Délaissée au profit de Tacoma pour accueillir le terminus de la compagnie ferrée Northern Pacific, Seattle doit attendre 1884 pour être reliée par le rail, et la fin du siècle pour finalement prendre le dessus sur sa voisine. Malgré l’incendie de 1889 qui détruit la quasi-totalité du centre-ville, en bois, la cité connaît une très forte croissance grâce à la ruée vers l’or du Klondike et la publicité de l’influent journaliste Erastus Brainerd, qui fait d’elle le port de départ incontournable vers les mines du Yukon et de l’Alaska. La ville est reconstruite en briques, comme en témoigne encore Pioneer Square, des collines le long du littoral sont nivelées pour permettre l’extension du port (avec l’île artificielle d’Harbor Island, notamment), et Seattle se développe alors avec une rapidité fulgurante au nord et au sud du site portuaire primitif, passant de 3 500 habitants en 1880 à 230 000 en 1910 ! Une communauté de Chinois, de Japonais et de Vietnamiens, embauchée essentiellement sur les docks, s’installe au sud de Pioneer Square.

La ville s’étend ainsi sur la rive occidentale du lac Washington, et la compagnie du célèbre paysagiste Frederick Law Olmsted conçoit à partir de 1903 un système de parcs et de boulevards qui relient entre eux les nouveaux quartiers, préparant ainsi la grande exposition Alaska-Yukon-Pacific de 1909. Afin de faciliter l’accès des bateaux de pêche aux eaux poissonneuses du lac Washington, ainsi que le transport des grumes et du bois d’œuvre vers l’océan, un canal navigable à écluses entre le lac et la baie (Lake Washington Ship Canal) est construit entre 1909 et 1917. Si la Première Guerre mondiale permet le développement des constructions navales, l’entre-deux-guerres est une période difficile pour la ville, qui perd de son hégémonie face aux grandes villes californiennes, et notamment Los Angeles en ce qui concerne le commerce maritime avec l’Asie.

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La Seconde Guerre mondiale, plus particulièrement l’attaque de Pearl Harbor et la guerre du Pacifique, remet toutefois Seattle – aux premières loges des zones de conflit – sur le devant de la scène : le gouvernement fédéral fait en effet appel à une entreprise installée à Seattle depuis 1910, Boeing, pour la construction de nombreux bombardiers, tandis que les chantiers navals sont mis à contribution pour la construction des navires de guerre. L’industrie de l’armement attire à Seattle une population nombreuse, notamment d’Afro-Américains originaires du Vieux Sud agricole, tandis que les 7 000 Américains d’origine japonaise que compte la ville sont regroupés dans des camps d’internement à l’intérieur des terres, dans l’Idaho.

Seattle, États-Unis - crédits : Artifan/ Shutterstock

Seattle, États-Unis

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À l’issue du conflit, l’arrêt de la demande en matériel militaire entraîne la perte de 70 000 emplois dans le bassin de Seattle, rapidement compensée par la décision de Boeing, en 1947, de se lancer dans l’aviation civile. Elle en devient le leader mondial dans l’après-guerre et participe ainsi largement au boom économique et au développement de la ville, qui s’étale désormais à l’est du lac Washington, fragilisant le centre-ville délaissé par les populations les plus aisées. L’accueil, en 1962, de l’exposition universelle va être l’occasion de renforcer le cœur de la ville autour du Seattle Center : ce vaste ensemble de musées des sciences et d’attractions, organisé autour de la tour d’observation de Space Needle, est édifié au nord du centre-ville et lui est relié par un monorail. Parallèlement, et à l’instar de sa voisine San Francisco, la ville devient un des lieux de la contre-culture américaine hippie et beatnik. À la fin des années 1970, la crise de l’entreprise Boeing plonge Seattle dans la récession : chômage de masse, baisse de la population, déclin du centre avec la baisse des ressources fiscales. La municipalité réagit avec succès en rénovant les deux éléments phares du centre-ville : le marché de Pike Place et le quartier historique de Pioneer Square.

Seattle, États-Unis - crédits : Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Seattle, États-Unis

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Mais c’est l’arrivée de Bill Gates (originaire de Seattle) et de sa compagnie Microsoft, en 1979, qui va remettre Seattle sur les rails. La firme s’installe dans la banlieue, à Bellevue, faisant émerger une edgecity (ville de périphérie) à l’est du lac. Le développement rapide du secteur informatique place ainsi Seattle parmi les villes les plus innovantes du début du xxie siècle ; tandis que des groupes d’envergure mondiale y naissent et y prospèrent (Starbucks dès 1971, Amazon en 1994), la ville reste un géant de l’aéronautique – Boeing y est encore le plus gros employeur – et le quatrième port de containers d’Amérique du Nord en 2015, notamment grâce aux échanges avec l’Asie.

La population, assez homogène avec 70 p. 100 de Blancs, occupe tant le centre-ville(ce qui est une particularité pour une ville américaine) que les banlieues. Les 14 p. 100 d’Asiatiques et les 8 p. 100 d’Afro-Américains sont particulièrement présents au sud-est de la ville, au-delà de l’ancienne Chinatown, à proximité des zones de transit portuaire et ferré. Leader d’une contre-culture progressiste et alternative (mouvement grunge des années 1980-1990, défense des droits LGBT), Seattle, qui passe de 563 000 habitants en 2000 à 730 000 en 2018, compte parmi les villes les plus attractives et les plus prospères du pays, l’une des plus chères aussi.

— Laurent VERMEERSCH

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États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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Seattle, États-Unis - crédits : Artifan/ Shutterstock

Seattle, États-Unis

Seattle, États-Unis - crédits : Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Seattle, États-Unis

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Géographie

    • Écrit par , et
    • 19 934 mots
    • 19 médias
    ...ainsi distinguer l'ensemble Dallas-Houston-La Nouvelle-Orléans, reposant tout particulièrement sur l'industrie pétrolière et sur ses ports d'exportation. Se détachent également le Nord-Ouest et l'ensemble Seattle-Portland-Tacoma, versant sud d'un ensemble urbain plus large, incluant Vancouver...

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