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RUDÉ PRÁVO

Journal quotidien en langue tchèque, le Rudé Právo (Le Droit rouge) est fondé en septembre 1920. Il est, à partir de 1921, l'organe du comité central du Parti communiste tchécoslovaque. Le Rudé Právo affirme être le successeur du Pravo Lidu (Le Droit du peuple), quotidien du Parti social-démocrate ouvrier tchécoslovaque depuis 1897. En fait, il tire son origine de la « gauche marxiste » pro-bolchevique et « centriste » de ce parti, qui donna naissance au Parti social-démocrate (gauche) puis au Parti communiste tchécoslovaque (P.C.T.). Son premier rédacteur en chef est B._Smeral, le leader du parti. Entre 1922 et 1930, son tirage ne cesse de baisser (15 000 exemplaires en 1927). Son rédacteur en chef clandestin, Philip Dobrovolny, est assisté d'un gérant, le poète slovaque L. Novonesky.

Prônant la grève générale insurrectionnelle, il est souvent saisi. En outre, ses rédacteurs en chef (J. Guttman et J. Sverma) sont destitués par la direction du parti pour avoir défendu une ligne de défense nationale antifasciste. Son tirage augmente à nouveau lors de la crise de 1938, accueillant les proclamations patriotiques des intellectuels et de la population. Après Munich, le journal fait paraître le 20 octobre 1938 son dernier numéro légal. Le premier numéro illégal ne sort qu'en août 1939. Le journal constitue alors le seul bulletin intérieur du parti, le contact radio avec Moscou étant souvent interrompu. Les nazis exécutent successivement quatre rédacteurs en chef (E. Urx, J. Fučik, S. Brunclik et K. Aksamit). De ce fait, sa publication est arrêtée pour une longue période, en 1942, puis pendant le second semestre de l'année 1944. Au total, il y aura, pendant la guerre, soixante et un numéros du Rudé Právo édités avec des moyens de fortune. Le 6 mai 1945, les Pragois insurgés retrouvent un Rudé Právo légal sur grand format qui redevient quotidien à partir du 9 mai. Il est, avec ses 750 000 exemplaires, le journal le plus lu et le plus combatif. En février 1948, il passe à un million de lecteurs. Son rédacteur en chef, V. Novy, ne peut empêcher après 1948 la stagnation du journal qui s'enlise dans l'antititisme abstrait et la reproduction de « pavés » indigestes. De 1956 à 1966, O. Svestka, homme lige du président Novotny, s'efforce d'y freiner la déstalinisation. Le journal vieillit avec ses promoteurs : en 1967, la moitié des lecteurs le lit depuis au moins quinze ans, l'âge moyen est de quarante-quatre ans, 85 p. 100 de ses lecteurs sont des hommes, en majorité des fonctionnaires et des ouvriers qualifiés. Le tirage varie alors entre 750 000 et 1 000 000 d'exemplaires, ce qui dénote un recul malgré les commissions de presse du parti, les réseaux de correspondants ouvriers et l'institution d'une journée de la presse communiste. En 1968, le million d'acheteurs, correspondant à trois millions et demi de lecteurs réels, est assuré. La rédaction en chef devient un enjeu important dans la bataille entre novotnystes et dubčekiens. Après l'intervention soviétique du 21 août, le XIVe congrès (clandestin) du parti nomme le « libéral » J. Sekera rédacteur en chef. Pendant douze jours, un Rudé Pravo imprimé clandestinement sur petit format est distribué gratuitement à la population. Le 3 septembre, il reprend son format habituel et épouse fidèlement la ligne « possibiliste » de Dubček sans renier les principes du Printemps de Prague. Le processus de normalisation s'accélère après Pâques 1969. Dubček limogé, Miroslav Moc, un des vice-rédacteurs en chef « conservateurs » du début d'août, accède au poste de commande. Plus de 40 p. 100 des anciens rédacteurs libéraux démissionnent alors collectivement. Le Rudé Právo reconnaît que son tirage n'excède guère plus de 750 000 exemplaires (900 000 pour l'édition du samedi, [...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

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Pour citer cet article

Vladimir Claude FISERA. RUDÉ PRÁVO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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