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RICHELIEU, Indre-et-Loire

La petite ville de Richelieu, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Chinon, située dans la vallée du Mable aux confins de la Touraine et du Poitou, fut fondée en 1631 sur un plan régulier par le cardinal de Richelieu.

En 1621, après la mort de son frère aîné, Armand Jean du Plessis avait racheté le fief de Richelieu, qui appartenait à sa famille depuis le xve siècle. Devenu cardinal en 1622, membre du Conseil du roi en 1624, il avait fait faire quelques travaux dans le petit château familial et acquis des seigneuries voisines. En 1631, le fief de Richelieu est érigé en duché-pairie, et le cardinal obtient d'y bâtir un « bourg clos », comme Sully à Henrichemont ; il décide alors de donner au château une ampleur qui réponde à son nouveau titre.

Jacques Le Mercier fournit les plans (1631). Il lie au château orienté est-ouest la ville nouvelle orientée nord-sud, les deux axes de cette composition grandiose se coupant devant le portail d'entrée du château.

La ville forme un rectangle régulier de 486 mètres sur 680. Elle est entourée d'une enceinte cantonnée à chaque angle d'un pavillon carré et percée de six portes. De la porte nord à la porte sud, une grande rue la traverse, bordée de maisons uniformes à portes cochères dessinées par Jean Barbet (auteur d'un Livre d'architecture dédié au cardinal de Richelieu). Cette rue, coupée en son milieu par une voie transversale, relie deux places carrées, que traversent deux autres rues transversales menant aux quatre portes secondaires. Autour de ces places bordées de maisons plus élevées sont regroupés les édifices publics, au nord le collège et le couvent, au sud l'église avec une façade à deux ordres superposés et la halle couverte d'une charpente de bois.

Pour peupler la ville et en faire une unité économique viable, Richelieu exempte les premiers habitants d'impôts et donne les terrains qui bordent la grand-rue à ses « créatures », à charge d'y bâtir. Il obtient l'instauration d'un marché bi-hebdomadaire et de quatre foires annuelles, le transfert de la justice de Faye et du grenier à sel de Loudun, la création d'une nouvelle paroisse. Il fonde deux écoles et une académie ou collège royal, et attire une mission et des religieuses de Saint-Vincent-de-Paul.

Les travaux, contrôlés par Henri de Sourdis, archevêque de Bordeaux, sont menés activement par Jean Thiriot, le grand entrepreneur parisien, et son neveu Nicolas Durand, sous la conduite des frères de Jacques Le Mercier, Pierre et Nicolas. En 1642, l'essentiel est bâti.

Le château est reconstruit au même moment selon le plan en U traditionnel, avec un jeu de corps bas et de hauts pavillons, couverts de dômes carrés, l'ancien château transformé constituant au fond de la cour l'un des corps qui flanquent le pavillon du nouvel escalier. Ses vastes avant-cours, son extérieur sobre, sa cour ornée de statues (dont deux esclaves de Michel-Ange), ses somptueux intérieurs et ses riches collections attirent dès le xviie siècle de nombreux visiteurs. En témoignent des récits de voyage, une suite d'estampes gravées par Jean Marot et la publication d'un guide par le gouverneur du château (Vignier, Le Château de Richelieu, Saumur, 1676).

Du château, vidé de ses meubles à la Révolution et lentement démoli de 1805 à 1843, ne subsistent plus aujourd'hui qu'un pavillon de l'avant-cour, les fossés d'eau, le grand canal et les grottes du parc. Préservée par son faible essor, la ville a conservé l'essentiel de ses dispositions d'origine et reste un des meilleurs exemples de l'urbanisme classique. Elle peut se vanter encore, comme l'écrivait ironiquement La Fontaine en 1663, d'être « le plus beau village de l'univers ».

— Claude MIGNOT

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Claude MIGNOT. RICHELIEU, Indre-et-Loire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LE MERCIER JACQUES (1585 env.-1654)

    • Écrit par Claude MIGNOT
    • 668 mots

    L'architecte Jacques Le Mercier est issu d'une famille de maîtres maçons de Pontoise, connue dès le xvie siècle. Son père Nicolas (1541-1637) travaille pour Brulart de Sillery au château et à l'église de Marines, sans doute sur les dessins de Clément Métezeau. Jacques Le Mercier fait...

Voir aussi