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BELIN RENÉ (1898-1977)

Commis à la Compagnie des téléphones, puis rédacteur aux P.T.T. en 1920, René Belin est secrétaire du syndicat C.G.T. des postiers de la région lyonnaise en 1926. Devenu secrétaire de la Fédération nationale des P.T.T., il est révoqué pour fait de grève (1930). Il accède en 1933 au bureau national de la C.G.T., aux côtés de Léon Jouhaux, comme secrétaire permanent. Après la réunification syndicale de 1935 et face à la poussée communiste au sein de la Confédération, Belin regroupe des militants « ex-confédérés » autour de la revue Syndicats à laquelle il donne pour but « la résistance à la colonisation communiste » : Jouhaux ne le désapprouve pas et préfère jouer un rôle d'arbitre entre les deux tendances.

En septembre 1938, Belin se rallie à la politique de Daladier lors de la crise de Munich. Son pacifisme l'entraîne à soutenir la politique de révision des traités de Versailles. Au Congrès confédéral de Nantes de novembre 1938, il regroupe un tiers des mandats sur un texte pacifiste et violemment anticommuniste.

Après la signature du pacte germano-soviétique, Belin triomphe et obtient sans peine l'exclusion des communistes de la C.G.T. Mais pour lui, la défaite de juin 1940 sonne le glas du vieux syndicalisme. Il faut, affirme-t-il, le repenser entièrement dans le cadre national. Il a démissionné du bureau national peu avant et accepte en juillet 1940 les postes de ministre à la Production industrielle et de secrétaire d'État au Travail dans le premier ministère du maréchal Pétain. À ce titre, il signe le décret de dissolution (novembre 1940) des centrales syndicales et patronales ; il est aussi l'agent de la remise en ordre économique du pays après la défaite. Sous la pression allemande, le portefeuille de la Production industrielle lui est retiré en février 1941, mais il conserve son secrétariat d'État au Travail. Il élabore alors la Charte du travail, sorte de compromis entre sa volonté de sauvegarder une certaine autonomie du syndicat et la volonté des membres du cabinet du maréchal Pétain, favorables à une « corporatisation » de toute la vie économique à la manière des régimes fascistes. Belin parvient à maintenir l'organisation syndicale, mais le syndicat est devenu unique et obligatoire, le droit de grève est interdit et la collaboration de classe lui est imposée à tous les niveaux. Par ailleurs, il a laissé créer les comités sociaux d'entreprise qui échappent totalement au syndicat et lui font une concurrence redoutable. Enfin, il ne réussit pas à imposer la création de caisses uniques d'assurances sociales.

Évincé du gouvernement en avril 1942, Belin est exclu de la C.G.T. en 1944 comme « principal artisan de la destruction syndicale ». Il abandonne dès lors toute activité politique et syndicale.

— Paul CLAUDEL

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Pour citer cet article

Paul CLAUDEL. BELIN RENÉ (1898-1977) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CGT (Confédération générale du travail)

    • Écrit par Jean BRUHAT, Universalis, René MOURIAUX
    • 4 429 mots
    • 1 média
    ...son indifférence à l'égard des dangers qui menaceraient les libertés publiques, comme les réformes en vigueur ou à conquérir. » Jouhaux est élu secrétaire général, Dupont, trésorier,Belin, Bothereau, Bouyer, Buisson, Frachon, Racamond (ces deux derniers venant de la C.G.T.U.), secrétaires.
  • PLANISME

    • Écrit par Arnaud JACOMET
    • 990 mots

    Mouvement qui s'inscrit dans un courant de pensée diffus, prenant sa source et étendant ses ramifications dans des partis, syndicats et groupes de pression diversement situés sur l'échiquier politique, le planisme fut un des éléments idéologiques de l'accession au pouvoir des technocrates dans...

Voir aussi