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BLACHÈRE RÉGIS (1900-1973)

Licencié d'arabe (Alger, 1922). Agrégé de l'Université (arabe, 1924). Docteur ès lettres (1936). Membre de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres, 1972). Directeur d'études à l'Institut des hautes études marocaines de Rabat (1930-1935). Professeur d'arabe littéral à l'École nationale des langues orientales vivantes (1935-1950). Professeur de philologie et de littérature arabes du Moyen Âge à la Sorbonne (1950-1970). Directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section, 1950-1968). Directeur de l'Institut d'études islamiques de l'université de Paris (1956-1965). Directeur du Centre de lexicographie arabe, associé au C.N.R.S. (1962-1971).

La carrière et, peut-on dire, la vie même de Régis Blachère sont tout entières placées sous le signe de l'enseignement et de la recherche, et dans un domaine propre : celui de la langue arabe. Pour la postérité, il reste l'initiateur du Dictionnaire arabe-français-anglais (R. Blachère, M. Chouémi, C. Denizeau, Paris, à partir de 1967) et l'auteur d'une étude approfondie du Coran, qu'accompagne une traduction « critique » (Le Coran, 3 vol., Paris, 1942-1950) : c'est qu'en effet ce philologue de tempérament qu'était Blachère avait voulu mettre un accent tout particulièrement sur l'œuvre majeure qui, linguistiquement autant que culturellement, devait avoir une influence considérable sur l'expression de la civilisation arabo-musulmane.

L'Histoire de la littérature arabe des origines à la fin du XVe siècle, dont il ne put publier que trois volumes (Paris, 1951-1965), procède du même souci de ne pas couper la culture arabe des moyens de son expression : d'où l'attention soutenue accordée aux techniques et aux modes du langage, en prose ou en vers, ainsi qu'à l'évolution de l'arabe classique dont cette production littéraire, étalée sur neuf siècles, devait permettre de saisir l'histoire. Si l'on ajoute sa thèse de doctorat, Un poète arabe du IVe siècle de l'hégire : Abû Tayyib al-Mutanabbî (Paris, 1935), consacrée à l'un des écrivains dont l'arabicité, de goût et de langue, a été le plus soulignée, et la Grammaire de l'arabe classique (en collaboration avec M. Gaudefroy-Demombynes, Paris, 1937), on conviendra que l'arabe, entendu comme le véhicule d'une culture et comme un champ, en soi, d'investigations linguistiques, a donné à cette vie de savant une unité indéniable.

Au reste, l'activité du savant n'épuise pas cette existence ; elle va de pair avec un engagement très profond, mais lucide et d'un ton toujours très personnel, dans l'histoire de ce temps. Le plaidoyer pour l'indépendance des pays d'Afrique du Nord ne fut qu'une forme parmi d'autres, moins connues mais efficaces, sous lesquelles Régis Blachère voulut, en France même, défendre et étendre la connaissance de la culture arabe, et ménager l'accueil de ses représentants : ses activités pédagogiques d'inspection, la fondation, par ses soins, de l'Association pour l'avancement des études islamiques ou d'un Centre d'accueil aux étudiants du Proche-Orient témoignent de la passion mise ici, malgré les difficultés de la cécité et de la solitude, à accorder les exigences de la vie à celles de l'érudition.

— André MIQUEL

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André MIQUEL. BLACHÈRE RÉGIS (1900-1973) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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