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DUCHAMP-VILLON RAYMOND (1876-1918)

Frère de Jacques Villon et de Marcel Duchamp, Raymond Duchamp-Villon suit des études de médecine pendant trois ans avant de décider, en 1898, de se consacrer uniquement à la sculpture. Ses premières réalisations dénotent une influence de l'Art nouveau (Yvette Guilbert) et la série d'œuvres qu'il exécute entre 1904 et 1907 est tout à fait dans le style de Rodin (Torse de femme, 1907, musée national d'Art moderne, Paris). Il s'intéresse au cubisme dès ses débuts et tente d'en appliquer les principes en adoptant très vite une simplification des formes. Première œuvre vraiment moderne, le Torse de jeune homme (1910, ibid.) présente une schématisation extrême des lignes de force et des masses dont l'agencement évoque un mouvement assez vif. Avec le Portrait de Baudelaire (1911, ibid.), la construction continue à s'affermir et la structure, de plus en plus géométrique, est particulièrement visible dans le dessin préparatoire où dominent les plans triangulaires. Mais la déformation du visage n'apparaît que dans le Portrait de Maggy (1912, ibid.), qui présente un certain nombre d'analogies avec les têtes sculptées de Matisse et de Picasso.

Avec ses frères et ses amis qui se réunissent à Puteaux (La Fresnaye, Léger, Gleizes, Metzinger), tous les problèmes de l'art contemporain sont abordés et en particulier les rapports des différents arts avec l'architecture. Sous la direction d'André Mare, l'équipe va réaliser la Maison cubiste pour le Salon d'automne de 1912. Raymond Duchamp-Villon est chargé de la façade ; cette réalisation, cubiste par les éléments géométriques qui interviennent, n'en reste pas moins un décor plaqué sur une maison bourgeoise qui évoque un style Louis XVI modernisé. Mais le but que s'est fixé le groupe, à savoir une intégration de l'art contemporain à l'architecture, est pleinement réalisé. Duchamp-Villon fera une autre tentative de cet ordre avec une série de bas-reliefs en taille de réserve représentant des animaux stylisés, et il est possible que Les Amants (1913, ibid.), relief utilisant la même technique, soit aussi un projet de cet ordre.

Mais la principale œuvre du sculpteur, à laquelle est consacrée l'année 1914, reste Le Cheval majeur (un exemplaire au musée national d'Art moderne). Aboutissement de toutes ses recherches, elle fut précédée d'une série d'études : Cheval et cavalier, Petit Cheval, Tête de cheval, etc. La version définitive fut agrandie après sa mort, selon ses vœux, sous la direction de ses frères. Témoignage de recherches proches de celles des futuristes italiens et des vorticistes anglais, conscients de l'arrivée d'un nouvel âge industriel, cette sculpture associe l'animal et la machine afin de mettre en valeur l'importance acquise par cette dernière. De leur fusion naît un dynamisme dû à une multiplicité de points de vue provoquée par les intersections des différentes lignes de force qui constituent les éléments bivalents de cette nouvelle créature. Cette œuvre d'une importance majeure pour la sculpture du xxe siècle fait regretter la disparition prématurée de l'artiste, mort en 1918 à la suite d'une typhoïde contractée sur le front.

— Nicole BARBIER

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Écrit par

  • : conservateur au Musée national d'art moderne, Paris

Classification

Pour citer cet article

Nicole BARBIER. DUCHAMP-VILLON RAYMOND (1876-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CUBISME

    • Écrit par Georges T. NOSZLOPY, Paul-Louis RINUY
    • 8 450 mots
    ...cubistes au Salon des indépendants de 1911 entraîna l'élargissement du mouvement. Plusieurs artistes, parmi lesquels Archipenko, Picabia, La Fresnaye et les frères Duchamp (Jacques Villon, Marcel Duchamp et Duchamp-Villon), rejoignirent ses rangs. C'est dans l'atelier des frères Duchamp, à Puteaux, devenu...
  • VILLON JACQUES (1875-1963)

    • Écrit par Michel MELOT
    • 1 261 mots

    L'importance de l'œuvre de Villon n'a guère été reconnue que depuis 1950, alors que l'artiste avait déjà, au cours d'une carrière de plus de cinquante ans, exécuté sept à huit cents toiles et près de cinq cents gravures, dans différentes manières qui toutes, dès 1910, furent riches de nouveautés. La...

Voir aussi