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NARAYAN RASIPURAM KRISHNASWAMY (1906-2001)

Né à Madras le 10 octobre 1906, Rasipuram Krishnaswamy Iyer Narayanswamy est l'écrivain indien de langue anglaise le plus renommé du xxe siècle. La diversité et le volume de ses écrits (quinze romans, d'innombrables nouvelles, l'adaptation en anglais du Rāmāyana et du Mahābhārata, deux récits de voyage, plusieurs essais, de nombreux articles de journaux et une autobiographie), ainsi que sa peinture inimitable de la nature humaine, dépassent le talent pourtant remarquable de ses contemporains, Mulk Raj Anand et Raja Rao. Ami de Graham Greene, il a été le témoin impartial du siècle, de la lutte de Gandhi pour l'indépendance de son pays, et des mutations de la société indienne.

Contrairement à d'autres écrivains indiens qui s'expatrièrent à Londres, R.K. Narayan est resté ancré dans son terroir du sud de l'Inde. Troisième d'une famille de huit enfants, il est élevé par sa grand-mère maternelle à Madras, dans un foyer de classe moyenne typiquement brahmane et tamoul. Son oncle l'initie à Shakespeare et à la littérature tamoule classique. En 1930, Narayan obtient son B.A. (licence d'anglais) du Maharajah's College de Mysore. Une expérience malheureuse de quatre jours en tant qu'enseignant lui suffit pour qu'il décide de vivre de sa plume. Narayan essuie maints échecs avant de s'engager comme reporter dans un quotidien de Madras, The Justice, pour gagner sa vie. Il tombe éperdument amoureux d'une jeune femme, Rajam, et l'épouse en 1934. La publication de son premier roman, Swami et ses amis, par Hamish Hamilton en 1935, sur la recommandation de Graham Greene, constitue le véritable point de départ de sa carrière littéraire. Sa fille Hema naît en 1936. Deux autres romans, Le Licencié ès lettres (1937) et Dans la chambre obscure (1938), suivront sans rencontrer un grand succès commercial. À la suite de la disparition soudaine de son épouse en 1939, Narayan recourt au spiritisme pour surmonter l'irréparable deuil. Le roman autobiographique, Le Professeur d'anglais (1945), évoque cette expérience douloureuse.

Désormais, Narayan élève seul sa fille avec l'aide de sa famille, tout en se consacrant à l'écriture et aux voyages. L'octroi d'une bourse de la fondation Rockefeller lui permet de s'envoler en 1956 pour les États-Unis, où il rédige parallèlement son roman, Le Guide (1958), et son journal, My Dateless Diary (1960). De retour en Inde, il construit bientôt une maison à Mysore (Mémoires d'un Indien du Sud, 1974) qu'il ne quittera qu'au début des années 1990 pour aller vivre avec sa fille à Madras. La mort de celle-ci, survenue en 1994, est la deuxième plus grande épreuve de sa vie.

L'ambition de R.K. Narayan est mue par sa volonté de représenter la culture indienne de façon authentique à travers la langue anglaise. Si Malgudi, la bourgade imaginaire couleur émeraude qu'il créa ressemble fort à la ville de Mysore et au Madras des années 1930, elle se métamorphose en un lieu mythique où bat le cœur de l'Inde éternelle, qui résiste à l'industrialisation. Narayan porte un regard humoristique teinté d'ironie et de tendresse sur la vie quotidienne des gens ordinaires. L'aspect foncièrement indien de ses personnages n'enlève rien à leur dimension universelle. Son style limpide et simple dissimule la profondeur de son analyse psychologique et ses préoccupations éthiques (Le Mangeur d'hommes, 1961). En se voulant d'abord un conteur, Narayan rejoint la lignée des grands poètes épiques de l'Inde qui lui avaient appris que „la vérité de l'homme consiste dans une profonde et totale solitude“.

— Geetha GANAPATHY DORÉ

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Pour citer cet article

Geetha GANAPATHY DORÉ. NARAYAN RASIPURAM KRISHNASWAMY (1906-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INDE (Arts et culture) - Langues et littératures

    • Écrit par Jean-Pierre DURIX, Jacqueline FILLIOZAT, François GROS
    • 10 472 mots
    • 3 médias
    Sans doute le plus sophistiqué des écrivains indiens anglophones de la première génération, R. K. Narayan (1906-2001) s'inspire de la grande tradition réaliste britannique. Il fait de la ville de Mysore, dans le Sud, un microcosme de fiction rebaptisé « Malgudi ». Chaque volume nouveau de son...

Voir aussi