KARAMÉ RACHID (1921-1987)
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Rachid Karamé est né en 1921, quelques mois après que le général Gouraud eut décidé de rattacher sa ville de Tripoli au Liban. Son père, mufti de la ville, était partisan du maintien de Tripoli dans le cadre syrien. La famille Karamé reste hostile au Grand Liban jusqu'à ce que l'ensemble du sunnisme libanais s'y rattache. Le père de Rachid accepte alors de diriger le deuxième gouvernement du Liban indépendant, une profession de foi dans le Liban souverain, dont le jeune Rachid héritera en même temps que du statut de dirigeant. Karamé va s'imposer comme le représentant de cette nouvelle génération de notables musulmans engagés dans la construction d'un Liban moderne et indépendant. « Libaniste », Karamé ne remet plus en cause l'indépendance du Liban par rapport à la Syrie. Moderniste, il rompt avec une tradition familiale en préférant des études de droit au titre de mufti et ajoute à la notabilité héritée de son père la création d'un parti. Il est, en 1951, le plus jeune ministre nommé au Liban, député de sa ville sans interruption, dix fois Premier ministre. Discret de nature, s'il parle beaucoup, rarement il se confie, menant une vie relativement austère, préférant toujours le cadre provincial de Tripoli aux turpitudes de la capitale.
Ses choix politiques sont marqués par la volonté de concilier sa loyauté au Liban avec la foi dans les idéaux du nationalisme arabe. S'il se rallie au Liban, il est, en 1950, à la tête de ceux qui s'opposent à la rupture de l'unité douanière avec la Syrie. S'il accepte en 1955 de diriger le gouvernement, il rejoint l'insurrection quand le président de l'époque prend une attitude que Karamé juge hostile à Nasser. En Karamé, l'homme d'État ne se révèle qu'après 1958. Il se rallie au nouveau président, le général Fouad Chéhab, pour réformer l'État tout en poursuivant une politique régionale favorable à l'Égypte nassérienne.
Karamé est l'artisan principal de cette équation « chéhabiste » qui explique une décennie de paix civile et de modernisation « douce » (1958- [...]
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Écrit par :
- Ghassan SALAMÉ : directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
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Pour citer l’article
Ghassan SALAMÉ, « KARAMÉ RACHID - (1921-1987) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rachid-karame/