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QUI A PEUR DES FEMMES PHOTOGRAPHES ? (exposition)

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Une identité multiple

Les œuvres présentées par Marie Robert, conservateur au musée d’Orsay, confirment qu’en faisant participer les femmes à l’effort économique, la Grande Guerre ne fit qu’amplifier ce mouvement de transgression et d’émancipation. La présentation éclairante et le choix judicieux des œuvres de 1918 à 1945 révèlent des artistes très déterminées qui, pour reprendre le titre de quelques sections de l’exposition, se lancent dans le « Détournement des codes », dans les « Autoportraits et mascarades », et à la « Conquête des territoires de l’image » jusqu’ici réservés aux hommes. Laure Albin-Guillot part d’un thème classique, la photographie de fleurs, pour développer ses métaphores sensuelles. Lisette Model interroge les normes sociales et sexuelles avec son Hermaphrodite, 42th Street FleaCircus (vers 1940), tout comme Lee Miller avec une nature morte provocatrice, Sein après ablation (vers 1930). Par des doubles portraits éloquents, Imogen Cunningham, Lotte Jacobi ou Marta Astfalck-Vietz soulignent, elles, la domination masculine dans le couple.

L’autoportrait est aussi un moyen de transgression et d’émancipation, qu’il s’agisse des autoportraits transgenres de Claude Cahun, des mises en abyme graphiques de Florence Henri, ou des tableaux vivants à caractère publicitaire de l’Anglaise Madame Yevonde, qui déploie ses talents de scénographe et de coloriste pour promouvoir son propre studio. Exploratrices, photographes documentaires et photojournalistes ne sont pas en reste qui rapportent des témoignages ethnographiques (Ella Maillart), des documents sociologiques (Dorothea Lange pour la Farm Security Administration), des reportages sur la guerre d’Espagne pour la presse (Gerda Taro) ou sur le camp de concentration de Buchenwald pour Life (Margaret Bourke-White). Les femmes, qui se font parfois théoriciennes du médium, telle Gisèle Freund, sont de toutes les expérimentations et de tous les courants artistiques. Elles ont trouvé dans l’appareil photographique tout à la fois l’instrument et le témoin de leur émancipation.

— Armelle CANITROT

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Armelle CANITROT. QUI A PEUR DES FEMMES PHOTOGRAPHES ? (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 22/01/2016

Média

<em>Mrs Herbert Duckworth</em>, J. M. Cameron - crédits : Bibliothèque nationale de France

Mrs Herbert Duckworth, J. M. Cameron