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FENOGLIO PIETRO (1865-1927)

L'Exposition internationale d'Art décoratif moderne, organisée à Turin en 1902, fut le point de départ du Floreale, dénomination de la version italienne de l'Art nouveau, la plus tardive et la plus mal connue. Tous les maîtres déjà révélés en Europe depuis les années 1890 y furent représentés.

Dans le comité de mise en place figurait un jeune architecte-ingénieur, Pietro Fenoglio. Très apprécié de ses commanditaires turinois par la parfaite exécution de ses œuvres, tant à usage privé qu'industriel, il ne se signalait jusque-là que par des tendances à l'éclectisme violemment dénoncé alors par les novateurs. Fut-il enlacé par la pieuvre du modern style grâce à l'extraordinaire exposition de 1902 ? En tout cas, dès ce millésime, Fenoglio s'engage à fond dans une stylistique ornementale venue d'ailleurs. Son hôtel particulier – qui est aussi son agence –, situé sur le corso Francia à Turin, s'impose comme un manifeste dans cette ville où l'apparition des premiers studios de cinéma du monde stimule alors toutes les audaces. Implanté dans un angle, le bâtiment ne se contente pas d'être une simple rotule de liaison : il prend la forme d'une tour massive où est suspendu un bow-window embrassant deux étages, sorte de proue emblématique utilisant le répertoire décoratif du Floreale. La même année, Fenoglio termine le palazzino Scott : le fer forgé y occupe une place majeure tandis que des chapiteaux échappant à toutes les références connues le disputent à des ornements aussi tourmentés qu'abstraits.

Ces deux créations n'enferment pas Fenoglio dans le nouveau style : il construira un immeuble à bon marché dans le goût néo-roman (1903) et une maison privée se souvenant de la Renaissance (1904). Partisan du « socialisme de la beauté » – une expression très employée au moment de l'Exposition de 1902 –, Fenoglio ne refusera pas son concours à l'industriel suisse N. Leumann qui fonde un village destiné aux ouvriers de sa fabrique de cotonnades tout près de Turin. Dans un style dépouillé, Fenoglio conçoit des habitations de divers styles et une église Floreale, grande rareté dans ce courant.

Figure très originale de l'Art nouveau italien, Fenoglio n'adhérera pas aux tendances de l'architecture moderne. En 1915, après avoir réalisé plus de cent édifices à Turin, il abandonne l'architecture pour aller travailler dans une banque.

— Roger-Henri GUERRAND

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Roger-Henri GUERRAND. FENOGLIO PIETRO (1865-1927) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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