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PETITE ENFANCE ET DÉBUTS DE LA PENSÉE

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Quels types de connaissances ?

Sans dresser ici une liste des connaissances acquises lors de la petite enfance, il est possible d’en décrire sommairement les principes organisateurs. Comme les adultes, les bébés doivent organiser l’espace et le temps. En matière d’organisation de l’espace, ils sont capables de traiter des objets différemment suivant qu’ils peuvent être ou non placés dans la même catégorie et ils peuvent apprendre des catégories nouvelles. Si on présente successivement à des bébés de trois mois des ensembles comportant toujours quatre figures géométriques simples, dont la forme, la taille et la disposition varient, ils regardent ensuite plus longtemps et considèrent donc comme plus nouveau un stimulus composé de trois figures géométriques. Ils peuvent également apprendre des règles régissant les relations spatiales entre deux objets, par exemple les conditions dans lesquelles l’un peut être ou non le support de l’autre.

Du point de vue de la causalité, deux types de situations peuvent être envisagés, suivant que le bébé est spectateur ou impliqué dans le système causal. Dans le premier cas (par exemple, un choc entre des boules de billard), une certaine contiguïté spatio-temporelle est nécessaire, mais avec une tolérance dans cette contiguïté. Si l’effet causal produit est très fort, la causalité est perçue malgré un délai entre choc et départ, pour les bébés comme pour les adultes.

Si le bébé est impliqué, comme dans les situations de conditionnement, la contingence est aussi nécessaire : dans une expérience, un bébé de deux mois et sa mère communiquent par un circuit de télévision. Après un temps, le bébé ne voit plus sa mère en direct, mais l’enregistrement de la période précédente. L’action de la mère n’est désormais plus contingente à celle du bébé, lequel regarde moins l’écran, sourit moins et a plus tendance à pleurer. Le retour au direct fait revenir le sourire.

Très tôt donc, le bébé humain est prêt à mettre de la causalité là où il y en a… ou pas, et on peut donc parler d’un biais de causalité. Très tôt, il peut catégoriser les objets qui se présentent à lui et leurs relations. On peut parler d’un biais d’organisation. Les savoirs peuvent dès lors se développer et le monde prendre chaque jour un peu plus de sens.

— Roger LÉCUYER

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Écrit par

  • : professeur émérite du développement, université Paris-Descartes

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Pour citer cet article

Roger LÉCUYER. PETITE ENFANCE ET DÉBUTS DE LA PENSÉE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 31/05/2018