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EVDOKIMOV PAUL (1901-1970)

Un des grands théologiens contemporains de l'Église orthodoxe. Né à Saint-Pétersbourg dans une famille aristocratique, il entre à l'École des cadets, puis fait ses études de théologie à Kiev en 1918. La guerre civile l'amène à s'exiler. Il termine ses études de théologie à l'Institut Saint-Serge de Paris, mais reste laïc. Il rencontre les grands philosophes religieux russes, surtout Berdiaev et Boulgakov. « Tout me disait, écrit-il, que l'émigration russe représentait un fait providentiel [...]. La confrontation de l'Orient et de l'Occident chrétiens se posait comme un fait irréversible de l'histoire. Un appel se faisait entendre. » En 1942, Evdokimov passe son doctorat de philosophie à l'université d'Aix (Dostoïevski et le problème du mal). Engagé dans la résistance spirituelle, il dirige après la Seconde Guerre mondiale, dans la région parisienne, un centre d'accueil pour réfugiés, puis un foyer d'étudiants. Mûri par cette longue expérience de service, il écrit l'essentiel de son œuvre à partir de 1955. Professeur à Saint-Serge, il est « invité » au IIe concile du Vatican.

Paul Evdokimov a tenté d'unir l'inspiration des Pères, les intuitions des philosophes religieux russes et les recherches de l'Occident contemporain. Assumant l'angoisse de l'athéisme, il insiste sur la mystérieuse faiblesse de Dieu devant notre liberté, sur son « amour fou » qui ne se révèle qu'au libre amour (cf. les articles repris dans le recueil L'Amour fou de Dieu, 1973). L'humanité est appelée à participer à l'existence trinitaire ; « dans la nature de l'homme, l'Église-Communion est inscrite comme son ultime vérité ». « Le Christ est le grand précurseur de l'Esprit », et l'homme, pénétré par les énergies de l'Esprit, voué à un « monachisme intériorisé », devient un créateur de vie, la création ultime étant la sainteté, qui ne sert à rien, mais éclaire tout, comme Dieu.

Ici, la réflexion de Paul Evdokimov s'oriente, d'une part, vers l'icône (L'Art de l'icône, théologie de la beauté, 1970), vers le visage transfiguré, seule « preuve » possible de Dieu pour l'homme d'aujourd'hui ; d'autre part, vers la mission propre de la femme qui, devant la démonisation de l'histoire par la volonté virile de puissance, est appelée à « couvrir de sa protection maternelle toute vie » (La Femme et le salut du monde, 1958 ; Le Sacrement de l'amour, 1962).

Paul Evdokimov a fait connaître à l'Occident la Russie spirituelle (Gogol et Dostoïevski, 1962 ; Le Christ dans la pensée russe, 1970) ; il a élaboré, à la rencontre de l'intelligence occidentale et du sens oriental du mystère, une forte synthèse de la tradition orthodoxe (L'Orthodoxie, 1959 ; Les Âges de la vie spirituelle, 1964).

— Olivier CLÉMENT

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

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Autres références

  • CLÉMENT OLIVIER (1921-2009)

    • Écrit par
    • 910 mots

    Olivier Clément naît le 18 novembre 1921 à Aniane, un village cévenol partagé, selon ses propres mots, entre trois « religions » : catholique, protestante et laïque. Dans L'Autre Soleil, son autobiographie parue en 1975, il parle de son père, instituteur, un homme droit, et de sa famille,...