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ORIGAMI, papiers pliés

L'art des papiers pliés, ou origami, qui nous vient du Japon, est d'origine ancienne. Il est probable que les premiers papiers pliés furent faits à des fins religieuses, dès avant le viie siècle. Avant cette époque, on avait coutume d'offrir aux kami, ou « entités supérieures » du shintō, la croyance chamanique du Japon aux forces naturelles, des étoffes pliées, que l'on accrochait aux branches d'un arbre sacré, le sakaki (Cleyerica ochnacea), dans lequel les kami étaient censés résider temporairement. Ces étoffes blanches étant rares, on en vint à leur substituer des feuilles de papier (shide), qui furent alors pliées en zig-zag, et parfois découpées. Ces gohei prirent alors, selon les sectes ou les sanctuaires, de nombreuses formes, représentant des offrandes symboliques. Ils furent utilisés comme instruments de purification, celle-ci jouant un rôle primordial dans les rites du shintō. Les nobles de la cour de l'époque de Heian (794-1185) eurent coutume d'offrir des présents en les présentant sur des papiers, unis ou décorés, pliés de certaine manière. C'est cette coutume qui est à l'origine des éventails pliants (ōgi), qui remplacèrent alors les éventails rigides ; leur vogue fut telle qu'on les utilisa comme supports pour des poèmes ou des peintures. Les Portugais et les Espagnols importèrent des éventails pliants en Europe à la fin du xvie siècle.

Les gohei en papier plié étaient généralement blancs, mais dans certains cas, on les teignait en rouge, notamment pour les offrandes faites aux kami pour conjurer des épidémies de variole. Ils étaient parfois teints de cinq différentes couleurs. On prit également l'habitude de plier des papiers de couleur en forme de poupées. Ces anesama-ningyō étaient censées prendre sur elles les maladies des enfants. Une fois frottées sur le corps des malades, elles étaient jetées dans le feu ou dans l'eau d'une rivière afin qu'elles emportent la maladie avec elles. Il est toujours de bon ton au Japon, lorsque l'on fait un présent, d'adjoindre à celui-ci le simulacre d'un petit morceau de poisson séché enveloppé dans un papier carré rouge et blanc, plié de manière particulière. Ce noshi, qui fait partie de tous les cadeaux, est alors entouré d'un fil d'or et d'argent : il symboliserait la fin d'un deuil ou d'une période d'abstinence, donc une réjouissance. Mais son origine ayant été oubliée, le noshi n'est plus qu'une décoration traditionnelle.

L'art de plier des papiers pour en faire des objets de distraction se développa au Japon pendant la période de Edo (1603-1868) surtout, et les artistes s'ingénièrent alors à réaliser en papier plié autre chose que des poupées. C'est ainsi que naquit la « cocotte » japonaise, qui est une grue (tsuru). Cet animal étant le symbole du bonheur, on prit l'habitude d'en réaliser en papier de couleur ou ornés de dessins (chiyogami) pour les offrir en gage de bonheur. L'usage se répandit alors, surtout chez les jeunes filles, de plier ainsi mille orizuru (grue pliée) qui, enfilées sur un cordonnet, formaient une guirlande qu'elles allaient offrir aux kami : ces semba-zuru équivalaient alors à « mille » invocations aux kami, incitant ceux-ci à récompenser la donatrice de sa constance et de sa patience. Pliage tout d'abord simple, les orizuru devinrent de plus en plus complexes et on leur fit même battre des ailes. Fabriquer de tels objets en papier devint un passe-temps agréable. Et les Japonais en multiplièrent les formes : bateaux, dames de cour, samurai en armure, poissons, étoiles, boîtes, fleurs, etc.

Au xxe siècle, l'art des origami s'est imposé aux éducateurs qui l'ont introduit dans les écoles maternelles et primaires, de manière à développer chez les jeunes enfants habileté manuelle[...]

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Louis FRÉDÉRIC. ORIGAMI, papiers pliés [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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