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OPHICLÉIDE

Ce nom a été forgé pour désigner un serpent muni de clefs. Cet instrument est né, sous sa forme définitive, en 1817, dans l'atelier du facteur parisien Halary. En réalité, c'est une nouvelle étape dans l'évolution du serpent droit, caractérisé par une colonne d'air de type évasé, formant un U, mise en vibration par le musicien au moyen d'une embouchure en bassin. Le serpent droit avait été, depuis plusieurs années, préféré au serpent à circonvolutions dans les musiques militaires et de plein air. Halary, se disant le père de l'ophicléide, aurait voulu s'en conserver l'exclusivité par un brevet, mais le caractère d'inventeur ne lui fut pas reconnu. D'autres facteurs d'instruments à vent en construisirent, dont plusieurs Lyonnais et le célèbre Adolphe Sax. L'instrument eut un tel succès qu'il fut, bien que conçu pour assurer les basses, construit en plusieurs tessitures (o. contralto par A. Sax). Plusieurs compositeurs l'apprécièrent au point de lui confier des parties solistes dans leurs œuvres, notamment Giacomo Meyerbeer, Hector Berlioz et Félix Mendelssohn. La largeur de sa perce, son évasement progressif jusqu'au pavillon, lui conféraient une sonorité ronde et enveloppée. Son étendue était d'environ trois octaves. Des variantes de l'instrument furent construites dans toute l'Europe. Mais l'ophicléide apparaissait à une période de grands bouleversements dans la facture instrumentale ; les clefs qui obturent les trous — ceux-ci percés selon les lois de l'acoustique — entraînent des doigtés souvent incommodes lorsqu'elles sont trop nombreuses (onze était le nombre le plus fréquent) ; leur réglage est délicat et un fonctionnement imprécis cause des défauts de justesse. À peu près à la même période, le système des pistons fait son apparition en Allemagne et, d'abord adapté au cor, s'applique à toutes sortes d'instruments à vent. Guichard, de Paris, invente un ophicléide à trois pistons en 1832. Mais l'évolution de la musique symphonique le chasse peu à peu de l'orchestre, au profit d'instruments plus puissants et pourvus d'une mécanisation rendant le jeu plus aisé. C'est ainsi que naît et se développe le tuba, descendant lui-même de plusieurs types d'instruments-basses à embouchure en bassin.

L'ophicléide ne fut pas abandonné brusquement, il resta au contraire en honneur dans les harmonies et autres formations populaires en France, en Italie, jusqu'à la fin du xixe siècle. À partir de 1850 environ, les parties d'orchestre écrites pour l'ophicléide ont été confiées au tuba, bien que son caractère et son volume sonores soient très différents de ceux de son prédécesseur.

— Josiane BRAN-RICCI

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Écrit par

  • : conservateur en chef honoraire du patrimoine au musée de la Musique

Classification

Pour citer cet article

Josiane BRAN-RICCI. OPHICLÉIDE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHORALE MUSIQUE

    • Écrit par Jacques CHAILLEY, Universalis
    • 3 100 mots
    ...ou le xviie s., mais tout au plus parfois soutenu à l'unisson par des instruments à vent, tel le « serpent », qui devint au xixe s. l' ophicléide) ; d'autre part, pour les offices les plus solennels, il adjoignit au plain-chant usuel des morceaux de « musique figurée » polyphonique, où...
  • VENT INSTRUMENTS À

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 6 447 mots
    • 22 médias
    Le serpent, contrebasse du cornet, accompagna sous le nom d'ophicléide (serpent à clés) le plain-chant jusqu'en 1925 dans certaines églises françaises. Wagner (Rienzi, 1842), Verdi (Les Vêpres siciliennes, 1855), après Mendelssohn (Ve Symphonie), l'utilisèrent encore comme cuivre-basse....

Voir aussi