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OKUNI (XVIIes.)

Le nom de la danseuse japonaise Okuni se confond avec l'histoire du théâtre kabuki. Si nombre de sources du xviie siècle conservées à ce jour – peintures, dessins, journaux et autres documents –, éclairent certaines parties de la vie de cette artiste, la véracité de ces informations reste difficile à établir. Rares sont en effet les éléments de la biographie d'Okuni connus avec certitude.

Active au xviie siècle, Okuni (parfois appelée Izumo no Okuni, « Okuni d'Izumo ») prétendait être l'une des prêtresses du sanctuaire d'Izumo, le plus ancien temple shintō du Japon. Elle n'était peut-être en réalité qu'une danseuse affectée au temple, voire une simple courtisane. Okuni forma une troupe de danseuses qui, en 1603, donna une représentation extrêmement populaire de danses et de saynètes légères sur une scène de fortune installée dans le lit asséché de la rivière Kamo, à Kyōto. Le spectacle était très éloigné du théâtre traditionnel, plus ancien, caractérisé par des gestes lents et strictement codifiés. Il rencontra cependant un tel succès qu'Okuni en organisa d'autres du même genre. Selon certains récits, l'artiste se serait habillée en jeune homme pour interpréter certains passages. Les pièces dansées vives et sans retenue que jouait la troupe furent bientôt connues à travers tout le Japon – donnant naissance à un style nouveau, baptisé okuni kabuki –, et plusieurs autres troupes de danseuses apparurent çà et là.

La compagnie d'Okuni et celles qui se créèrent à sa suite bénéficiaient généralement de la protection de la noblesse, mais elles visaient surtout à divertir les citadins ordinaires et trouvaient l'inspiration de leurs pièces et de leurs danses dans la vie de tous les jours. Le kabuki onna (« joué par des femmes ») demeura extrêmement populaire jusqu'à ce que, en 1629, le shōgun Tokugawa Iemitsu interdise officiellement aux femmes de se produire dans ces pièces, convaincu que la sensualité affichée dans les arguments dansés exerçait un effet délétère sur la moralité publique. Les danses étaient en effet jugées trop suggestives, et les danseuses complétaient leurs revenus en devenant pour un temps courtisanes. (L'interdit pesant sur les actrices féminines dans le kabuki ne fut levé qu'après l'avènement de l'ère Meiji, en 1868.) Comme dans le théâtre élisabéthain, notamment, les garçons et les jeunes hommes interprétèrent pour un temps les rôles féminins en se déguisant. Mais le gouvernement bannit ces éphèbes de la scène en 1652, en avançant de nouveau des raisons morales. Les danseurs d'âge mûr endossèrent alors l'ensemble des rôles féminins.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. OKUNI (XVIIes.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • THÉÂTRES DU MONDE - Le théâtre japonais

    • Écrit par René SIEFFERT, Michel WASSERMAN
    • 6 919 mots
    • 4 médias
    C'est ainsi qu'une certaineOkuni, qui se proclamait attachée à l'important sanctuaire d'Izumo, fit soudain sensation à Kyōto en y venant exécuter en l'an 1603 la danse dite « de l'invocation au Bouddha » (nembutsu odori). Un tel spectacle, remontant au xe siècle, était cependant...

Voir aussi