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OGINO KYŪSAKU (1882-1975)

Médecin selon la conception scientifique occidentale inaugurée au Japon à la fin du xixe siècle, Ogino Kyūsaku fut non seulement le spécialiste des problèmes de la fécondation, mais aussi un grand organisateur, dont les qualités ont été reconnues en 1955, lors de la cinquième Conférence mondiale de l'International Planned Parenthood Federation, la fédération mondiale pour le planning familial fondée par l'Américaine Margaret Sanger. Il a donné toute sa mesure à l'hôpital Takeyama de la ville de Niigata, où il fut chef de service puis directeur médical de 1912 à 1958.

Né à Toyohashi dans la préfecture d'Aichi, il fit ses études à Tōkyō et fut diplômé de la faculté de médecine de l'Université impériale en 1909. Il exerça toute sa vie à Niigata, où il mourut le 1er janvier 1975. C'est dans le service de gynécologie et d'obstétrique de l'hôpital Takeyama qu'Ogino Kyūsaku établit, en 1924, grâce à des constatations opératoires et à des enquêtes sur des grossesses intervenues après un rapport unique, que l'ovulation survient entre le seizième et le douzième jour précédant la date des règles. Ces premiers travaux apportent vraiment une vision nouvelle du problème, car, jusqu'alors, la plupart des cliniciens ne déterminaient le cycle qu'à partir du dernier jour des règles précédentes. Toutefois, en 1927, un Américain, R. Dickson, écrivait dans The Safe Period as a Birth Control Measure que la période précédant la menstruation est « a low risk period ». Ogino Kyūsaku a eu le mérite de fixer les critères de l'ovulation par l'examen peropératoire de l'ovaire et de signaler les difficultés et les pièges de cette appréciation. Il montra aussi, par des travaux statistiques, que le pouvoir fécondant des spermatozoïdes s'étend sur environ trois jours, même si la mobilité persiste plus longtemps. (Sims a pu trouver des spermatozoïdes vivants dans le col de l'utérus huit jours après un rapport sexuel.)

Le premier travail d'Ogino Kys̄aku paru en Occident fut publié en 1930 dans Zentralblatt fur Gynakologie ; il étudiait « la date de conception chez les femmes et son utilisation dans la pratique ». Le savant japonais y montrait aussi la nécessité, pour qu'il y ait conception, d'une fécondation très précoce de l'ovule après sa sortie de l'ovisac. Ces travaux, qui eurent un retentissement très grand dans le monde, furent bientôt confirmés par ceux du gynécologue autrichien Hermann Knaus, qui a eu le mérite d'apporter des confirmations expérimentales par l'étude de la contraction de l'utérus sous l'action de la pituitrine.

Dès lors, on s'employa à vulgariser les résultats de ces travaux, à diffuser des « calendriers » plus ou moins ingénieux, à distribuer en Inde, par exemple, des colliers représentant les jours par des perles colorées, tous repères qui, même bien utilisés, accréditaient indûment l'idée qu'on avait affaire à une véritable méthode contraceptive. Knaus lui-même, dans une étude publiée immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et intitulée Fécondation périodique et procréation volontaire, continuait d'entretenir cette illusion.

En réalité, le statisticien américain Tietze put montrer que le pourcentage d'échec de la « méthode Ogino » est de 38 p. 100 années/femme (l'efficacité d'une méthode contraceptive est évaluée par le taux de Pearl, qui donne le nombre théorique de grossesses susceptibles d'apparaître chez une femme qui serait soumise au risque de grossesse pendant cent ans ; en l'absence de contraception, il est environ de 80 et, avec une méthode contraceptive efficace, tombe par exemple à 2). Au Japon même, le premier pays à avoir entrepris une politique systématique de limitation des naissances, notamment avec la « loi eugénique de 1948[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, attaché des hôpitaux de Paris

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Pour citer cet article

Maurice SANDER. OGINO KYŪSAKU (1882-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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