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NIVKHE

Les Nivkhe peuplent le cours inférieur de l'Amour et l'île Sakhaline. Ils font partie du groupe des peuples paléoasiatiques, et les fouilles nous donnent la certitude qu'ils sont des descendants directs de la population néolithique de ce territoire. Leur nom, nivkh, signifie « hommes ». Avant la révolution de 1917, ils étaient connus sous le nom de Guiliak. Ce terme vient visiblement des noms Guiléké ou Guiliami, sous lesquels sont connus les Nivkhe parmi les populations toungouzo-mandchoues. Ils étaient environ 4 700 lors du recensement de 1989. Sur le plan territorial, ils se divisent en deux groupes : le groupe du fleuve Amour et celui de l'île Sakhaline. Ils se différencient fortement de tous leurs voisins qui parlent des langues du groupe toungouzo-mandchou. Leur langue se distingue dans le groupe des langues paléoasiatiques par des structures très particulières.

Les premiers Russes qui entrèrent en contact avec les Nivkhe au xviie siècle étaient des marchands de fourrure et des prospecteurs. Les Nivkhe dépendaient plus ou moins, à cette époque, de la Chine sans pour autant payer tribut. Ils vivaient dans des villages à très forte densité de population, dans des baraques de bois devant lesquelles pendaient des filets de pêche. Ils portaient des vêtements faits de peau de gros poissons et d'animaux marins. Ils se nourrissaient essentiellement de poisson et faisaient du commerce avec les Chinois, les Aïnous et les Toungouzes. Ils ne se coupaient jamais les cheveux ; les hommes portaient une natte et les femmes, deux.

Leur organisation sociale traditionnelle, qui se modifia par la suite à cause de leur petit nombre, présente un intérêt considérable : les Nivkhe vivaient regroupés en plusieurs dizaines de clans, dont chacun portait le nom d'une rivière. Au début du xxe siècle, le clan nivkhe ne représentait déjà plus une unité territoriale et économique. Ils avaient formé des villages polyclaniques, mais les liens claniques étaient encore très étroits : ils observaient les prohibitions matrimoniales et les anciens cultes claniques. Le clan était patrilinéaire, mais la femme, même après son mariage, appartenait au clan de son père et la parenté matrilinéaire jouait un rôle aussi important que la parenté patrilinéaire. Ainsi le principe exogamique, dont l'observance était très stricte, empêchait-il qu'on prenne femme dans un clan auquel le sien avait donné des filles. Il était possible de contracter mariage avec la fille du frère de sa mère mais non avec la fille de la sœur de son père. Les âges étaient très cloisonnés et il n'était possible de se marier qu'avec une personne de sa génération. Le système de parenté, qui dépassait les limites de la grande famille et atteignait presque les limites du clan et même de plusieurs clans, se divisait en quatre catégories d'âge : les grands-pères et arrière-grands-pères ; les pères, les frères des pères, les maris des sœurs de la mère et les frères des maris des sœurs de la mère ; les frères et les sœurs ; les enfants.

Quand la grande famille se divisait, on allumait un petit feu qui était conservé chez l'homme le plus âgé et qui servait aux diverses cérémonies rituelles comme à la cuisson de la viande d'ours.

Les rapports avec la Chine avaient commencé à détruire l'équilibre du système clanique nivkhe et la colonisation russe vint accélérer sa décomposition. La vendetta fut remplacée par l'indemnisation pécuniaire et l'argent permit à des individus de s'affirmer contre les règles collectivistes du clan.

Chez les Nivkhe, les croyances traditionnelles survécurent au zèle des missionnaires orthodoxes. Les Nivkhe se représentaient l'île Sakhaline comme un être vivant, ainsi que les arbres, les montagnes et les rivières. Toutes les forces de la nature avaient leurs esprits tutélaires.[...]

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Emmanuel ZAKHOS-PAPAZAKHARIOU. NIVKHE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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