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CAVE NICK (1957- )

Punk-rock, romantisme noir

Toute la musique de Nick Cave hésite entre deux postulations contraires qui font de lui un artiste majeur du punk-rock. Sur scène comme dans les albums, il est emporté du côté du théâtre de la cruauté d’Antonin Artaud, des incantations d’un Lucifer déguisé en prêcheur mégalomaniaque, d’un raz de marée sonore proche du chaos (FromHer to Eternity, 1984 ; Tender Prey, 1988 ; Dig, Lazarus, dig !!!, 2008). À d’autres moments, il s’abandonne aux mélodies introspectives, intimistes et élégiaques (The Good Son, 1990 ;Push The SkyAway, 2013). Il arrive d’ailleurs qu’au cœur de la désolation, le destin cogne un peu plus fort à la porte. Au mois de juillet 2015, Arthur, un de ses fils jumeaux, se tue à l’âge de quinze ans en tombant d’une falaise sous l’emprise du LSD. Même si les mélodies de SkeletonTree (2016) avaient été composées avant l’accident, l’élaboration de cet album sous la direction de l’ami de vieille date Warren Ellis, poly-instrumentiste et arrangeur, en fut profondément affectée. Le cinéaste Andrew Dominik a filmé l’enregistrement (One more Time with Feeling) de ce moment fusionnel d’un soliloque tragique et d’une musique de deuil sans rémission. Ghosteen, le double album suivant paru en 2019, est également hanté par le deuil. Sur fond de nappes synthétiques et de chœurs célestes, la voix sépulcrale du chanteur donne le rythme. Tout, chez Nick Cave, s’écrit sur fond de spleen et de menace obscure d’un châtiment, qui le disputent à l’énergie furieuse de la rage de vivre (YourFuneralMy Trial, 1986 ; MurderBallads, 1996 ; Boatman’s call, 1997). Une silhouette filiforme de dandy aux longs cheveux ondulant dans un strict costume noir, de grands bras qui dessinent dans l’espace les formes possibles de la détresse, la voix sépulcrale d’un homme blessé et une vibrante diction de prêcheur. La musique de Nick Cave, en dépit de son humour, dit la damnation d’un univers de tendresse meurtrie, dans la meilleure tradition du romantisme noir.

— Michel P. SCHMITT

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Michel P. SCHMITT. CAVE NICK (1957- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Nick Cave - crédits : N. Spasenoski/ Shutterstock

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