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NEF‘I (1582-1636)

D'une grande culture, Nef‘i exerce diverses fonctions à Constantinople ; il devient célèbre avec l'avènement de Murat IV, qui en fait son administrateur des finances. Ses élogieuses qaṣīda adressées au sultan le font connaître. Mais, se croyant libre d'écrire ce qu'il pense, il compose un nombre considérable de poèmes satiriques contre les grands dignitaires de la cour. Personne n'est épargné ; même le vizir (wazīr) se voit critiqué et dépeint dans des vers très mordants, ce qui vaut à Nef‘i d'être, sur l'ordre du sultan, étranglé puis précipité dans la mer.

Nef‘i est considéré comme le maître de la qaṣīda ottomane. Certaines des qaṣīda contenues dans son divan (dīwān) sont particulièrement célèbres, celle par exemple qu'il dédie à Murat IV : après avoir demandé au printemps de l'inspirer, le poète loue la magnificence, la générosité, la témérité du seigneur, puis, avec une incroyable vanité, fait son propre éloge, disant qu'aucun autre poète ne saurait rivaliser avec lui.

Nef‘i est aussi l'auteur satirique le plus important de la littérature turque. Ses satires, recueillies sous le titre pompeux des Flèches du Destin (Siham-i Kaza), se caractérisent par la causticité du style, par l'humour du ton, mais aussi par la violence des critiques adressées aux institutions religieuses et politiques. Toutefois, le goût de Nef‘i pour la diatribe nuit à son vocabulaire, qui devient parfois grossier et n'égale en rien l'esprit inventif, la langue harmonieuse, riche en hyperboles et fort imagée du maître de la qaṣīda.

Il faut pourtant remarquer que le brio dont le poète fait montre dans deux genres hétéroclites et l'aisance avec laquelle il passe d'un style à l'autre sont des qualités rares, dans la littérature classique et postclassique du divan.

— Gayé PETEK-SALOM

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Pour citer cet article

Gayé PETEK-SALOM. NEF‘I (1582-1636) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TURQUIE

    • Écrit par Michel BOZDÉMIR, Universalis, Ali KAZANCIGIL, Robert MANTRAN, Élise MASSICARD, Jean-François PÉROUSE
    • 37 012 mots
    • 22 médias
    ...signes de la décadence de l'Empire ottoman, on voit des poètes comme Yusuf Nabī (1640-1712), le plus grand représentant de la tendance persanisante, et Nef'i (1582-1636), le meilleur poète de la kasîde élogieuse, exprimer des réflexions critiques sur les faits de leur époque, ce qui valut à Nef'i...

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