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OUFKIR MUḤAMMAD (1920-1972)

Muhammad Oufkir, 1963 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Muhammad Oufkir, 1963

Né à Aïn-Cheikh, aux confins sahariens, dans une tribu berbère, Muḥammad Oufkir est fils d'un caïd nommé par Lyautey en 1910. Après des études secondaires au collège d'Azrou, il sort en 1939 major de sa promotion de l'école des élèves-officiers marocains de Dar el-Beida, près de Meknès. Sous-lieutenant de réserve, puis d'active en 1943, il est affecté à la 2e division d'infanterie marocaine du corps expéditionnaire français en Italie ; il participe aux offensives de Rome et de Sienne. Il est cité douze fois et reçoit la croix de guerre. Il prend part au débarquement du 15 août 1944 dans le sud de la France. Plusieurs fois blessé, il ne reprend du service qu'en 1947. Nommé lieutenant à Meknès, il se porte volontaire pour l'Indochine en mai 1947. Officier de commando, il reçoit six citations après des faits d'armes sur le Mékong. Promu capitaine en 1949, officier de la Légion d'honneur, il se fait des amis parmi les officiers français qui seront plus tard les chefs de l'O.A.S. ; le général Boyer de Latour, commandant suprême des troupes d'Indochine du Sud, le remarque.

Rentré au Maroc en 1950, il devient aide de camp du général Duval. À partir d'avril 1950, il est affecté au cabinet militaire de la Résidence générale. Avec Boyer de Latour, qui le prend pour ordonnance, il participe aux tractations pour permettre le départ du sultan Ben Arafa et pour composer le Conseil du trône ; le roi Mohammed V demande à avoir à ses côtés Oufkir, encore officier français. L'expérience acquise à la Résidence générale lui est utile et Oufkir devient un personnage politique du Maroc indépendant. Nommé commandant, puis lieutenant-colonel, il participe activement, en 1958, à la répression du Rif, commandant les bataillons des Forces armées royales.

En mai 1960, il est nommé directeur de la Sûreté et met le roi en garde contre toute tentative d'évolution libérale ; il montre son antipathie pour les partis et pour les hommes politiques et essaie de convaincre le roi de l'existence de complots, en particulier en 1963 pour démanteler l'Union nationale des forces populaires et faire condamner à mort ses dirigeants, dont Mehdi ben Barka, qui s'exile. Colonel en 1962, il devait en 1965 être nommé général de brigade. Il participe à la « guerre des sables » contre l'Algérie en 1965. Il regrettera du reste que son pays abandonne les avantages conquis. Ministre de l'Intérieur en 1964, il se montre très centralisateur, a le sens de l'encadrement et du contrôle. Il se soucie davantage des campagnes que des villes, favorise les Berbères et se crée des « clientèles ». Mais il n'a pas le sens des réformes à long terme et préfère des actions spectaculaires.

Hassan II, roi du Maroc, 1965 - crédits : Keystone/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Hassan II, roi du Maroc, 1965

À la fin de 1965, il est mêlé à l'affaire Ben Barka et sera plus tard condamné aux travaux forcés à perpétuité par contumace par la justice française. À partir de ce moment, ses relations avec le roi Hassan II se trouvent affectées : le roi lui reproche d'être responsable de la rupture avec la France, mais continue à avoir besoin de lui ; de son côté, Oufkir soutient la monarchie, mais montre peu d'estime pour Hassan II, dont il juge la politique et critique l'entourage. Il presse le roi d'apporter des changements radicaux et, après le massacre de Skhirat en juillet 1971, menace de se suicider si la politique ne change pas. On le soupçonne d'ailleurs d'avoir laissé entendre aux comploteurs qu'il serait de leur côté s'ils réussissaient. Le coup de force ayant échoué, c'est lui qui est chargé de rétablir l'ordre et d'épurer l'armée, après avoir été nommé ministre de la Défense ; il intervient en faveur des cadets et demande la clémence, mais fait passer par les armes dix officiers supérieurs. Un an après, en août 1972, lors du second attentat contre Hassan II, il est abattu dans le palais de Skhirat après un entretien[...]

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Pour citer cet article

Françoise MEUSY. OUFKIR MUḤAMMAD (1920-1972) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Muhammad Oufkir, 1963 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Muhammad Oufkir, 1963

Hassan II, roi du Maroc, 1965 - crédits : Keystone/ Hulton Royals Collection/ Getty Images

Hassan II, roi du Maroc, 1965

Autres références

  • BEN BARKA AL-MAHDI (1920-1965)

    • Écrit par Universalis, Emile SCOTTO-LAVINA
    • 701 mots
    • 1 média

    Homme politique marocain, opposant au roi Hassan II.

    Issu du petit peuple de la médina de Rabat, al-Mahdi ben Barka est né en janvier 1920. Servi par d'exceptionnelles qualités intellectuelles et par une opiniâtreté exemplaire, il prépare l'agrégation de mathématiques lorsque l'action politique...

  • MAROC

    • Écrit par Raffaele CATTEDRA, Myriam CATUSSE, Universalis, Fernand JOLY, Luis MARTINEZ, Jean-Louis MIÈGE
    • 20 360 mots
    • 22 médias
    ...chômeurs et aux ouvriers qui s'insurgent contre leurs conditions de vie et l'impossible mobilité sociale. La réaction des forces de l'ordre, menée par Mohammed Oufkir, ministre de l'Intérieur et général des FAR, est violente. Non seulement le nombre de morts est important (plusieurs centaines), mais une...

Voir aussi