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MONSIEUR GALLET, DÉCÉDÉ, G. Simenon Fiche de lecture

Monsieur Gallet, décédé paraît en 1931, année qui marque une étape décisive dans la vie de Georges Simenon (1903-1989). Celui-ci publie enfin sous son véritable nom, après neuf années passées dans l'ombre à apprendre le métier d'écrivain. De 1922 à 1924, il a fourni aux journaux d'innombrables contes. Puis il s'est lancé dans le roman, mais sous divers pseudonymes – dix-sept au total, dont Georges Sim, Christian Brülls et Jean de Perry. Chez Fayard, Ferenczi ou Tallandier, il a fait paraître pas loin de deux cents titres en sept ans. Des romans légers, parfois coquins comme Orgies bourgeoises ou Étreintes passionnées ; des bluettes comme Le Roman d'une dactylo ou Cœur de poupée ; des récits d'aventures tels Le Monstre blanc de la Terre de feu ou Un drame au pôle Sud. Au terme de cet entraînement intensif, il se sent prêt à naître officiellement à la littérature.

Premier roman signé Simenon, Pietr le Letton (1931) fait également entrer en scène le personnage de Maigret, qui accompagnera l'auteur jusqu'en 1972, à travers soixante-quinze romans et vingt-huit nouvelles. Certes, ce dernier est apparu dès 1929, à quatre reprises, mais de manière un peu clandestine. 1931 lui apporte une véritable consécration. Au cours de cette année, Simenon en fait le héros de onze romans successifs et en assure la promotion grâce à un « Bal anthropométrique » qui réunit le tout-Paris dans un night-club de Montparnasse. Le personnage est lancé et, dès l'année suivante, se voit incarné au cinéma : Jean Tarride tourne Le Chien jaune ; Jean Renoir La Nuit du carrefour.

Découvrir le mystère d'une vie

Si les premiers exploits de Maigret empruntent encore certains de leurs éléments au roman policier traditionnel (les gangsters, les trafics clandestins...), ils fondent d'emblée un genre et un ton nouveaux. Ils apparaissent avant tout comme des romans d'atmosphère, où l'enquête criminelle tient une place secondaire. Ils s'attachent à mettre en situation des êtres médiocres, apparemment quelconques, mais recelant une faille secrète qui les a conduits à franchir les frontières de la société. « Un personnage de roman, dit Simenon, c'est n'importe qui dans la rue, mais qui va jusqu'au bout de lui-même. »

C'est bien le cas d'Émile Gallet, retrouvé assassiné dans une chambre de l'hôtel de la Loire à Sancerre. Qui a tué ce voyageur de commerce sans histoires ? Est-ce son fils, qu'on a aperçu se disputant avec son père ? Est-ce Tiburce de Saint-Hilaire, un notable que fréquentait Gallet ? À dire vrai, l'enquête apporte plus de révélations sur le mort que sur les suspects. Elle apprend ainsi que le représentant de commerce avait abandonné son métier depuis dix-huit ans et mentait à sa famille ; qu'il ne s'appelait pas Gallet, mais Saint-Hilaire, et que le « vrai » Gallet lui avait acheté son nom pour profiter d'un héritage ; que le crime, enfin, n'était qu'un suicide adroitement déguisé par un être aux abois, qui ne trouvait pas d'issue à une vie d'échecs.

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Écrit par

  • : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure

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Pour citer cet article

Philippe DULAC. MONSIEUR GALLET, DÉCÉDÉ, G. Simenon - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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