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MONIQUE sainte (331 env.-387)

Née à Tagaste (Soukh-Ahras, Algérie) d'une famille chrétienne, Monique fut élevée sévèrement. Jeune, elle goûtait un peu trop le vin ; elle cessa quand une servante en colère lui reprocha d'être ivrogne. Elle fut mariée à un propriétaire de Tagaste, Patricius, peut-être affectueux, mais coléreux, autoritaire et infidèle. Elle avait vingt-deux ans quand naquit Augustin, suivi d'un autre garçon et d'une fille. Elle éleva pieusement Augustin, mais sans le faire baptiser, selon la coutume des riches familles de son temps.

Monique n'avait pas une conception rigide de la vie chrétienne. Augustin raconte qu'elle favorisa ses études des auteurs classiques païens parce qu'elle estimait qu'elles ne pouvaient lui nuire, mais que dans une certaine mesure elles l'aideraient à parvenir jusqu'à Dieu. Il menait déjà une vie dissolue quand Patricius mourut en 371, un an après avoir reçu le baptême. Augustin passa au manichéisme et voulut persuader sa mère de partager ses convictions. Elle, au contraire, tentait tout pour l'amener au christianisme. En vue de réfuter les erreurs de son fils, elle fit appel à un évêque qui, ne croyant pas à l'efficacité d'une argumentation, lui répondit non sans impatience : « Laisse-moi. Aussi vrai que tu vis, il est impossible que périsse le fils de larmes comme les tiennes. »

En 385, Augustin prit le bateau pour l'Italie, en cachette de sa mère qui voulait l'accompagner. Elle le rejoignit à Milan deux ans plus tard. Monique pensa que, marié, Augustin mènerait une vie plus réglée et demanderait le baptême. Elle lui trouva une fiancée très jeune ; il fallait attendre. La vocation d'Augustin était autre, le mariage n'eut pas lieu, mais Monique eut le bonheur d'assister au baptême de son fils dans la nuit du 24 avril 387. Elle se mit en route pour rentrer en Afrique avec ses fils. Ils arrivèrent à Ostie, où ils s'accordèrent quelques jours de repos avant la traversée. Augustin a raconté l'entretien qu'il eut avec sa mère sur les délices de la vie de l'au-delà, entretien qui s'épanouit dans une extase. Cet épisode révèle l'intimité de la mère et du fils, qui resta toujours voilée d'une ombre discrète. Peu après, Monique tomba malade et mourut à Ostie. Le jour de sa mort est inconnu.

Les ermites de saint Augustin fêtaient la conversion de leur saint patron le 5 mai ; quand, au milieu du xvie siècle, on inscrivit Monique au calendrier, on la mit à la veille de cette fête, pour ne pas séparer la mère du fils. La fête de la conversion de celui-ci n'existant plus, le calendrier romain général a placé sainte Monique le 27 août, veille de la seule fête de saint Augustin actuellement célébrée.

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. MONIQUE sainte (331 env.-387) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )