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MOBY DICK, OU LA BALEINE, Herman Melville Fiche de lecture

Moby Dick - crédits : Warner Brothers/ Getty Images

Moby Dick

Succédant à une série de récits d'aventures exotiques qui avaient connu un grand succès, Mardi (1849) reflète déjà l'évolution de l'écrivain américain Herman Melville (1819-1891) vers un pessimisme calviniste. Avec Moby Dick or The Whale (1851), écrit en deux ans, il délaisse définitivement les territoires qui apparaissent sur les cartes pour explorer les profondeurs de l'âme humaine.

Le héros éponyme du roman est une baleine. Elle doit son nom à un cétacé blanc, Mocha Dick, qui, après avoir reçu dix-neuf harpons, aurait causé la perte de trente hommes, cinq baleinières et quatorze canots. Ce fait divers a été découvert par Melville dans un article du Knickerbocker's Magazine en 1839. Mais la symbolique de la blancheur de Moby Dick s'inspire davantage du Récit d'Arthur Gordon Pym (1838) d'Edgar Allan Poe.

Le combat contre la baleine

Les cent trente-cinq chapitres du roman se divisent en trois parties ou cinq grands actes. Le narrateur au nom biblique, le jeune Ismael, a l'âme « toute imprégnée des brumes humides et sombres de novembre » quand il s'engage à New Bedford à bord d'un baleinier, le Péquod. Le sort lui donne pour compagnon de lit Queequeg, un Polynésien dont les rites le surprennent. Tous deux deviennent amis et, après avoir entendu le sermon prophétique du père Maple et vénéré le dieu païen, ils gagnent Nantucket d'où le navire part le jour de Noël. Le capitaine Achab, esprit solitaire et torturé, a pour dessein de triompher de la baleine blanche qui lui a jadis arraché une jambe. Longtemps enfermé dans sa cabine, il découvre enfin son projet à l'équipage pour lui faire prêter serment et promet au premier qui signalera la présence de Moby Dick le doublon d'or qu'il fait clouer au grand mat. Les réactions des marins révèlent leurs caractères : Starbuck, le premier maître, « qui aime les hommes et craint Dieu », marque son désaccord. Stubb, le second maître, accepte le risque. Pour Flask, le troisième, tuer des baleines est un travail comme un autre. L'équipage comprend aussi le Parsi Fedallah et ses mystérieux Asiatiques, les harponneurs – Queequeg, l'Indien Tashtego, l'Africain Daggoo – et le mousse nègre, Pip. On peut y voir la mosaïque ethnique de la nation américaine en devenir.

Interrompant le récit du voyage, les chapitres 46 à 105 forment un véritable traité de cétologie, une histoire de la pêche, de l'industrie et de l'art relatifs à la baleine. Pendant le voyage, plusieurs cétacés sont capturés par le Péquod. Mais les tempêtes se succèdent, la boussole est perdue, un homme tombe à la mer, le mousse devient fou : tout paraît se liguer contre Achab. Un matelot aperçoit enfin la baleine blanche. Le duel peut s'engager. Le premier jour de la chasse, Moby Dick réduit un canot en miettes. Le deuxième jour, un autre canot est coulé, et la jambe d'ivoire du capitaine brisée par l'adversaire. Le troisième jour, on parvient à harponner la baleine, mais Achab est pris dans les filins et ligoté sur Moby Dick qui fonce sur le Péquod. La vision finale montre Tashtego clouant au sommet du mat un aigle des mers avec le pavillon des États-Unis : « Ainsi l'oiseau du ciel au cri d'archange [...] sombra avec le navire qui, tel Satan, ne descendit pas en enfer sans avoir entraîné à sa suite une vivante part du ciel pour s'en casquer. » Ismael, seul survivant du naufrage, est recueilli par un autre baleinier.

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Pour citer cet article

Michel FABRE. MOBY DICK, OU LA BALEINE, Herman Melville - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Moby Dick - crédits : Warner Brothers/ Getty Images

Moby Dick

Autres références

  • MELVILLE HERMAN (1819-1891)

    • Écrit par Jeanne-Marie SANTRAUD
    • 3 832 mots
    • 1 média

    L'œuvre littéraire est la forme la plus noble de l'autobiographie. Sous l'influence de la critique psychanalytique et freudienne, le lecteur du xxe siècle est à même de saisir comment, d'instinct, le romancier américain Melville a traduit dans ses récits ses sentiments les plus intimes...

  • ŒUVRES III (H. Melville)

    • Écrit par Pierre-Yves PÉTILLON
    • 766 mots

    La traduction de Moby Dick en français par Philippe Jaworski est la quatrième depuis celle de Giono et son équipage, publiée en 1941. Elle est signée de quelqu'un qui comprend l'anglais de l'original, ce qui n'avait pas toujours été le cas par le passé. Elle s'inscrit aussi dans une entreprise de...

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