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MILLEFLEURS, tapisserie

Le terme de millefleurs, relativement récent, désigne les tapisseries du xve siècle et du début du xvie comportant des petites touffes de fleurs ou des feuillages, fleuris ou non, à tige arrachée, disposés uniformément sur un fond uni et plat. À l'origine, ces pièces étaient appelées verdure comme diverses autres pièces représentant soit le même type de décor mais avec un ciel ou une architecture à la partie supérieure (coll. Antoine Perpitch, Paris), soit de grandes feuilles enchevêtrées (au xvie siècle), soit des paysages au débouché d'une forêt (à partir du xviie siècle). Ces décors conservent seuls aujourd'hui cette appellation. Le décor de millefleurs peut se suffire à lui-même (pièces en principe les plus anciennes) ou porter soit des armes (Millefleurs aux armes de Maille et d'Interville) soit des personnages plaqués sur le fond ou portés par un tertre, lui-même à petites fleurs (La Dame à la licorne, musée de Cluny). Les scènes sont aussi bien religieuses que profanes et relèvent d'une source antique (Narcisse) ou contemporaine, de type rustique (tissage, tonte) ou plus noble (chasse, concert). On considère qu'il y a plusieurs groupes de millefleurs selon qu'on distingue la couleur de fond qui est rouge (La Dame à la licorne), vert, plus généralement bleu foncé, mais aussi, selon les textes, jaune ou blanc. On distingue aussi des catégories selon la disposition serrée des fleurs (Millefleurs aux armes de Jacqueline de Croy, château de Langeais) ou leur dispersion et la plus ou moins grande stylisation des motifs qui peuvent devenir quasi géométriques. Une centaine d'espèces végétales a été dénombrée à l'analyse de quelques pièces, analyse qui a incité W. Rytz à essayer de trouver la provenance des œuvres par comparaison avec les végétations locales.

L'origine de ce type de décor reste de toute façon à découvrir. Quant à l'attribution de la fabrication à des ateliers ambulants des bords de la Loire, elle est très contestée. Si une pièce de qualité a pu, grâce aux archives, être attribuée aux ateliers bruxellois (Tapisserie aux armes de Philippe le Bon, 1466 env., Musée historique de Berne), de nombreux centres du Nord ont pu fabriquer des tapisseries à l'imitation de Tournai et de Bruxelles. Il faut noter que le centre de tissage se distingue du lieu de fabrication du modèle tout au moins pour ce qui concerne les personnages que l'on a ajoutés pour agrémenter les fonds. Ces pièces, en général de moindre finesse et dont l'effet aurait pu paraître monotone, ont souvent une fraîcheur inégalée.

— Nicole de REYNIES

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Pour citer cet article

Nicole de REYNIES. MILLEFLEURS, tapisserie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TAPISSERIE

    • Écrit par Pascal-François BERTRAND
    • 7 938 mots
    • 8 médias
    ...de véritables productions tournaisiennes. Ce fut un fabricant de Lille, Jean le Haze, que Philippe le bon appela à Bruxelles pour tisser vers 1466 une Mille-Fleurs portant les armes et emblèmes du duc de Bourgogne (Musée historique, Berne) et dont la facture est certainement beaucoup plus révélatrice...