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CHOLOKHOV MIKHAIL (1905-1984)

Écrivain « lauréat », comblé d'honneurs, Mikhail Alexandrovitch Cholokhov se prétendait avant tout communiste et ensuite écrivain : de fait, il apparaît bien comme l'homme d'un peuple et d'un régime au service desquels il a mis toute sa vie et toute son œuvre. Membre éminent de l'Union des écrivains et grand maître des lettres soviétiques, il a soutenu par ses déclarations et par ses livres la ligne définie lors des différents congrès dans les domaines tant économique que politique : ainsi Terres défrichées, le roman de la collectivisation des terres en 1930, a pu être considéré dans son pays comme une sorte de manuel d'études sur les problèmes agraires.

L'écrivain et le peuple

À propos des affaires Pasternak, Daniel-Siniavski, Cholokhov s'est fait remarquer par son rigorisme, et il est l'un des rares intellectuels à approuver, en termes modérés il est vrai, l'intervention en Tchécoslovaquie. Homme public et politique, Cholokhov l'est aussi par son appartenance au Soviet suprême depuis l'année critique de 1937 et par son activité de communiste dans la région du Don. Son œuvre littéraire, saluée dès le début par Gorki, père spirituel des lettres soviétiques, est, par son importance, à la mesure du peuple auquel il appartient et dont il nous retrace la gigantesque et tragique épopée pendant plus d'un demi-siècle. Elle lui a valu le prix Staline, le prix Lénine de littérature et l'ordre de Lénine, récompense civique suprême. En 1965 enfin, l'acceptation du prix Nobel de littérature a apporté à Cholokhov la consécration internationale définitive.

Longtemps dans son pays, Cholokhov a incarné l'idéal nouveau de l'écrivain soviétique : son œuvre monumentale naît en symbiose et collaboration étroite avec le peuple dont elle se veut la voix. Ses livres, annoncés, critiqués, « corrigés » dans les usines et les kolkhoz, ont été à la fois des événements publics – un peu à la manière des feuilletons de Dickens – et des textes de référence pour les jeunes écrivains désireux d'assimiler les canons du réalisme socialiste. Cette œuvre, diffusée par millions d'exemplaires (plus de 5 millions en U.R.S.S. pour Le Don paisible, traduit en 50 langues), a été élargie et prolongée par la scène (en 1935-1936, le compositeur Dzerjinski présente son opéra Le Don paisible et, en 1937, Terres défrichées), par le cinéma (films de Guérassimov, en 1956, Le Don paisible et de Bondartchouk, Le Destin d'un homme, 1959, tiré de la nouvelle qui porte ce titre, etc.). Ainsi s'établit un nouveau type de relations entre le public et l'écrivain, retiré dans son village de Viochenskaïa (nom aussi prestigieux pour le Soviétique moyen que le fut Yasnaïa Poliana au temps de Tolstoï), mais disposant des puissants porte-voix que sont la radio, la presse et la tribune du palais du Kremlin.

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université de Paris-XIII, président fondateur de l'Institut international Charles-Perrault

Classification

Pour citer cet article

Jean PERROT. CHOLOKHOV MIKHAIL (1905-1984) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RÉALISME SOCIALISTE

    • Écrit par John BERGER, Howard DANIEL, Antoine GARRIGUES
    • 3 542 mots
    • 1 média
    ...C'est la littérature qui exerçait l'influence la plus profonde et la plus large sur les masses. Certaines œuvres du début, tels Le Don Paisible de Cholokhov, ou La Défaite de Fadeïev, purent franchir les écueils du dogmatisme doctrinaire et se tailler une place importante en tant qu'œuvres littéraires....
  • SOVIÉTIQUE LITTÉRATURE DE GUERRE

    • Écrit par Jean CATHALA
    • 853 mots
    • 1 média

    Dans l'histoire des lettres soviétiques, la littérature de guerre proprement dite succède à la littérature de la guerre civile presque sans solution de continuité : Cholokhov publie le dernier livre du Don paisible en 1940 et La Science de la haine en 1942.

    Le foisonnement de la littérature...

Voir aussi