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SOSA MERCEDES (1935-2009)

Mercedes Sosa - crédits : Pavel Wolberg/ Pool/ Getty Images

Mercedes Sosa

En poncho de couleur vive, un tambour bombo dans les bras, elle électrisait les foules. Mercedes Sosa, née le 9 juillet 1935, avait commencé sa carrière de chanteuse dès l'âge de quinze ans, en 1950, à l'occasion d'un concours radiophonique organisé dans sa ville natale des Andes argentines, San Miguel de Tucumán. Jusqu'à sa mort, le 4 octobre 2009, à soixante-quatorze ans, dans un hôpital de Buenos Aires, des suites de graves dysfonctionnements rénaux et pulmonaires, celle que l'on appelait « la voix des sans-voix » a incarné le petit peuple métis. Un de ses autres surnoms, « La Negra », était avant tout affectueux, mais ne pouvait faire oublier les relents de racisme qu'il impliquait, car les « non-Blancs » sont souvent ainsi qualifiés en Argentine. Or Mercedes Sosa était indienne.

Militante dans l'âme, elle a participé, dès les années 1960, avec son époux, le musicien Manuel Oscar Matus, au mouvement Nuevo Cancionero, qui a dépoussiéré le folklore argentin. Puis elle a rejoint les musiciens contestataires des années 1970, reprenant des textes de son compatriote Atahualpa Yupanqui et de la Chilienne Violeta Parra. De son chant puissant, charismatique, apparemment serein, mais en réalité forgé de passions enfouies, elle a célébré les poètes, Pablo Neruda comme Daniel Viglietti, Félix Luna ou Alicia Maguiña.

En 1979, Mercedes Sosa est arrêtée – et son public avec elle –, lors d'un concert à Mar del Plata. Elle décide alors de prendre le chemin de l'exil, à Paris, puis à Madrid. De retour en Argentine en 1982, elle est accueillie en héroïne de la résistance à la dictature militaire et commence de nouvelles expériences musicales, teintées de rock et de pop, voire d'opéra. C'est seulement à la fin des années 1990 qu'elle reviendra à un répertoire plus orthodoxe, élargi à diverses formes de musiques traditionnelles argentines : zumbas, chacareras, milongas... S'épanouiront alors, dans toute leur splendeur, sur de sobres arrangements où les cordes dominent, des alliages de paix, de douceur et de fierté hiératique qui n'appartiennent qu'à elle.

Mercedes Sosa a publié une cinquantaine d'enregistrements, le premier en 1962, à dix-sept ans, La voz de la zafra, suivi de près, en 1965, par Canciones con fundamento, un recueil de chansons folkloriques. Son dernier opus, Cantora, paru en 2009, peu avant la disparition de la chanteuse, est articulé sur des duos (avec Joan Manuel Serrat, Caetano Veloso, Lila Downs, Shakira...). Parmi les autres temps forts de sa discographie, citons les arrangements ciselés de Mujeres argentinas, paru en 1969, l'hommage à Violeta Parra (Homenaje a Violeta Parra, 1971) et à Atahualpa Yupanqui (Mercedes Sosa interpreta a Atahualpa Yupanqui, 1977). Et aussi un album autour de textes de Pablo Neruda, Alicia Maguiña, Bola de Nieve (Mercedes Sosa, 1976), suivi par une collaboration avec le Brésilien Milton Nascimento en 1985 (Corazón americano) et une Misa Criolla en 2000 qui a obtenu un Grammy Award. S'il fallait ne retenir qu'un CD, ce serait Corazón libre, paru en 2005, où elle s'appuie sur des textes de poètes contemporains et revisite les standards populaires en compagnie de quelques célébrités de la guitare comme Luis Salina, Eduardo Falú, Alberto Rojo.

— Éliane AZOULAY

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Éliane AZOULAY. SOSA MERCEDES (1935-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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