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CATTELAN MAURIZIO (1960- )

Né à Padoue (Italie) en 1960, Maurizio Cattelan s'est imposé comme l'un des artistes marquants de l'art contemporain à partir des années 1990 avec des sculptures et des situations chocs. Il s'agit certainement là du seul trait distinctif d'une œuvre protéiforme qui recourt volontiers aux médiums les plus divers. Depuis sa première exposition à Rivara en 1991, où il avait simplement mis en scène son évasion en laissant des draps noués suspendus à une fenêtre, jusqu'au gisant de cire représentant John F. Kennedy à Paris en 2004, Cattelan n'a eu de cesse de prendre à rebrousse-poil toutes les attentes.

Entre critique et humour noir

Dans la chapelle du xviie siècle de l'École des Beaux-Arts de Paris, le corps du président américain était allongé dans un cercueil ouvert au milieu de la nef jalonnée de gisants majestueux. Cattelan s'est emparé avec ce saint séculaire (Now) d'un symbole de l'âge d'or des États-Unis, devenu l'incarnation d'un certain glamour politique, et un idéal occidental. Après avoir montré la copie en cire du pape Jean-Paul II atteinte par une météorite (La nona ora, 1999), après avoir agenouillé un Hitler pénitent en quête d'absolution (Him, 2001), Cattelan de plus en plus obsédé par la mort et la religion, a canonisé un J.F.K. aux pieds nus (Now, 2004). Humilité du saint homme, dont le mythe est toujours aussi vivace, ou humiliation d'un homme dont on découvre les faiblesses au fur et à mesure que les archives délivrent leurs secrets ? L'artiste ne tranche pas. Il laisse le public, souvent circonspect, doser sa réception en fonction de ses propres ambiguïtés et de ses aspirations.

Si elles n'ont pas toujours été aussi dramatiques, les œuvres de Cattelan ont joué systématiquement du contexte dans lequel elles étaient exposées. Ainsi, à Milan, l'artiste « scotcha » au mur pendant trois heures son galeriste (A perfect day, 1999). Il utilise volontiers des animaux empaillés et des squelettes qu'il met en scène avec un humour noir. Dans La Ballade de Trotsky (1996), il suspend un cheval au plafond du musée et dans Kaputt (2013), en accroche un au mur, qu’on voit de l’encolure jusqu’à l’arrière-train. Avec Bidibidobidiboo (1996), il met en scène, à l'intérieur d'une maquette qui reproduit la cuisine de ses parents, le suicide d'un écureuil, masquant derrière ces situations fantasques un sens certain de la mélancolie.

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Bénédicte RAMADE. CATTELAN MAURIZIO (1960- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 8 011 mots
    • 4 médias
    ...a ainsi pu choquer, tout comme la représentation d’Adolf Hitler à genoux en train de prier (Him, 2001) – deux œuvres dues au sculpteur à succès Maurizio Cattelan. Les compositions inventées par Jeff Koons, depuis le monumental Puppy (1992) jusqu’à ses extravagantes sculptures avec la Cicciolina...

Voir aussi