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CRASSET MATALI (1965- )

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Un univers ramifié

À ce temps « réel » fait écho un lieu qui ne l'est pas : «  La forme est une plate-forme » déclare Matali Crasset. Si on place cette phrase dans la continuité des célèbres aphorismes qui ont véhiculé les théories du design au cours des deux siècles derniers, tels que « l'outil crée la forme » (rationalisme, fin xixe siècle), « la forme suit la fonction » (fonctionnalisme, xxe siècle), ou « la forme suit la communication » (design radical des années 1970), elle inscrit l'origine de la forme de l'objet non plus dans la fabrication, la fonction ou la communication, mais dans l'univers de la connexion, notamment informatique. De la même manière qu'à l'époque de la mécanisation, les accoudoirs des fauteuils se mirent à tourner autour de rotatives imaginaires (fauteuil LC 1 de Le Corbusier), au temps de l'informatisation, tout ou partie des objets se connecte visiblement : les anses des tasses HI link (2003), les bords des fauteuils Interface (2005), les poufs Digitspace (2003), les bibliothèques Matalink (2005). Là où la mécanisation promettait un produit universel qui serait beau et bon pour tous, l'informatisation promet, elle, une connexion universelle que rien ne doit entraver, pas plus qu'une majuscule dans un nom propre ne doit ralentir la lecture de la ligne. À l'appui, une iconographie abondante illustre des modèles d'organisation en réseaux de la matière, du végétal ou des hommes : facettes, arborescences pour les autocollants EvolvingPhytowal (2004) et Rhizome (2005), ramifications pour le luminaire Foglie (2010) ou le tapis Roots(2010). Pour l’entreprise Ikea, elle collabore à la collection PS (2014), et propose notamment une armoire grillagée décorée de pièces en plastique colorées à la manière de pixels.

Lorsque tous les types de réseaux envahissent les surfaces des objets ou même les murs intérieurs (HI hôtel en 2003 ; la cantine de la Ménagerie de verre en 2009), cela renvoie à ces connexions invisibles et infinies, omniprésentes et sans limite qui organisent toute surface et tout territoire, aussi naturellement qu'un code génétique, aussi mathématiquement qu'un code numérique.

— Christine COLIN

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Écrit par

  • : experte en design à la direction générale de la création artistique, ministère de la Culture et de la Communication, service d'inspection de la création artistique

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Pour citer cet article

Christine COLIN. CRASSET MATALI (1965- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 26/02/2015