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MARQUET MARY (1885-1979)

La gloire de la comédienne Mary Marquet, née à Saint-Pétersbourg en 1885, se situe principalement dans les années 1920 et 1930. Fille d'acteurs, c'est à Sarah Bernhardt qu'elle doit d'avoir découvert les joies du théâtre. Son physique, son indiscutable présence allaient l'imposer dans les grands rôles classiques du répertoire : Athalie et Phèdre notamment. Son jeu théâtral fut la synthèse des méthodes en vigueur sur les scènes de l'époque : celles de Firmin Gémier et Edmond Rostand principalement. La rencontre avec ce dernier a été à l'origine d'une de ses plus grandes prestations à la scène : l'Aiglon. On peut l'imaginer, droite, imposante, androgyne, déclamant ces vers avec les accents qu'il fallait pour toucher les « enfants du paradis », indissociables de la magie des théâtres à l'italienne dans lesquels elle fit sa carrière. Elle fut très certainement l'une des figures les plus « nobles » de la Comédie-Française.

On peut regretter, en relevant dans sa filmographie deux films tournés avec Sacha Guitry – Les Perles de la couronne (1937) et Si Versailles m'était conté (1953) –, que le réalisateur n'ait pas écrit un grand rôle, au théâtre ou à l'écran, pour la comédienne, dont la carrière cinématographique ne s'est jamais réellement épanouie. La rencontre de ces deux personnages, mégalomanes avec recul et ironie, aurait pu produire une œuvre aussi corrosive que La Poison que Sacha Guitry dédicaça à une autre comédienne de théâtre de l'époque, Germaine Reuver.

Au cinéma, Mary Marquet avait participé à quelques films muets – Ruy Blas en 1917, La Voyante en 1923. Son premier film parlant fut Sapho, de Léonce Perret (1933). Suivirent nombre de productions plus ou moins anodines, dont on peut détacher – outre les deux films de Sacha Guitry – Interdit au public, d'Alfred Pasquali (1949), variation pirandellienne sur l'auteur de théâtre, ses personnages et leurs rapports avec les spectateurs ; Au voleur ! (1960), de Ralph Habib, d'après un scénario de Sacha Guitry ; Landru, de Claude Chabrol, où son personnage est habilement exploité ; et surtout La Vie de château (1965), de Jean-Paul Rappeneau, où elle campait sans excès faciles une châtelaine farfelue. On peut retenir aussi Phèdre, de Pierre Jourdan (1968), adaptation filmée de la pièce, où elle interprète cette fois-ci le rôle d'Œnone et où elle n'est pas sans évoquer les plus grandes interprètes de la tragédie antique.

Mary Marquet a fait, dans les années 1970, une incursion dans le monde de l'édition avec trois volumes : Ce que j'ose dire, Ce que je n'ai pas dit, et Ce que je n'ai pas osé dire. Elle y parle très spontanément de sa vie passée, sans l'ombre de regrets inutiles, consciente d'avoir participé aux grandes aventures théâtrales de son époque.

— André-Charles COHEN

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André-Charles COHEN. MARQUET MARY (1885-1979) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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