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TWAIN MARK (1835-1910)

Mark Twain - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Mark Twain

« Mark Twain » est un pseudonyme emprunté au vocabulaire des navigateurs sur le Mississippi au milieu du xixe siècle. Ces mots, ou plutôt ce cri, annonçaient que la sonde trouvait encore un fond suffisant pour que les gros vapeurs à fond plat continuent leur route sans risque de s'échouer. Nom de guerre et nom de plume, nom d'aventurier en tout cas, qui évoque l'Ouest américain. Et pourtant, connu surtout en France comme l'auteur de Tom Sawyer, Mark Twain fait trop souvent figure de feuilletoniste pour enfants. C'est par ce côté déjà qu'il s'apparente à quelques grands classiques mal compris, de Cervantès à Cooper ou à Defoe.

Un enfant du Mississippi

Né à Florida, dans une infime bourgade du Missouri où sa famille venait chercher fortune, Samuel Langhorne Clemens connut sur les bords du Mississippi une enfance peu studieuse mais riche en expériences. À la lisière du Vieux Sud, il appartint au monde des esclavagistes ; aux limites du Far West, il avait quatorze ans quand passèrent les premiers chercheurs d'or. Sa carrière fut d'abord celle d'un compositeur typographe qui fit ses débuts de journaliste dans les colonnes humoristiques de petites feuilles campagnardes. Ressaisi par la passion du fleuve sur les rives duquel il avait passé son enfance, il apprit le métier de pilote et n'abandonna les palais flottants du Mississippi qu'au moment où la guerre de Sécession interrompit la navigation entre Saint Louis et la Nouvelle-Orléans (1856-1861). Il ne prit pas position dans ce conflit et s'installa dans les montagnes du Nevada. À partir de 1861, il se fit prospecteur, homme politique, journaliste et pince-sans-rire professionnel. Ses exploits à Virginia City, puis à San Francisco et même à Hawaii lui donnèrent enfin l'idée de tenter sa chance sur la côte est, à New York, où il fit en 1867 une entrée discrète, annoncée par la publication d'une histoire de grenouille dans un journal moribond.

Chroniqueur amusé et acide d'un pèlerinage en Terre sainte, Mark Twain obtint ses premiers succès littéraires avec un reportage impitoyable intitulé Les Naïfs à l'étranger (Innocents Abroad, 1869). À la fois plus romanesque et moins naïf que ses personnages, il épousa à son retour une héritière de Nouvelle-Angleterre, avec laquelle il devait pouvoir mener une vie de journaliste-homme de lettres à l'abri du besoin.

Partageant désormais son temps entre l'Europe et l'Amérique, connaissant tour à tour des périodes de prospérité financière et de pénurie, il remporta presque tous les succès, s'imposa comme écrivain, mais connut d'amers désenchantements quand son entreprise fit faillite et qu'il dut redevenir un professionnel de la plume et des grandes tournées de conférences. La perte d'un fils en bas âge, plus tard de sa fille aînée, celle de sa femme, enfin, jalonnèrent de deuils la vie d'un homme en qui le public voyait toujours une sorte de conteur drolatique. Ses dernières années furent celles d'un misanthrope. Il mourut à Redding dans le Connecticut.

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Pour citer cet article

Bernard POLI. TWAIN MARK (1835-1910) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Mark Twain - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Mark Twain

Autres références

  • LES AVENTURES D'HUCKLEBERRY FINN, Mark Twain - Fiche de lecture

    • Écrit par Nathalie COCHOY
    • 1 216 mots
    • 1 média

    Comme Huck qui toujours s'échappe des lieux clos où on tente de le « civiliser » pour finalement s'évanouir dans la lumière blanche du « territoire », comme le Mississippi qui roule, tourne et change de lit, emportant dépouilles, épaves et rivages, Huckleberry Finn, du romancier...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    ...vénèrent encore la terre des ancêtres, la patrie culturelle britannique. Aussi, pour saluer la naissance de la littérature américaine, faut-il attendre Mark Twain (1835-1910), qui regarde de haut les Européens et s'adresse résolument au grand public de son pays. Hemingway (1899-1961), Faulkner (1897-1962),...

Voir aussi