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FOURCADE MARIE-MADELEINE (1909-1989)

Née le 8 novembre 1909 à Marseille, Marie-Madeleine Bridou fut élevée dans des institutions religieuses. En 1937, elle était secrétaire générale d'un groupe de publications dirigées par le commandant Georges Loustanau-Lacau. C'est de ce saint-cyrien qu'elle recueillit la charge du réseau Alliance dont elle fit, au service de l'Intelligence Service britannique, l'Arche de Noé, forte de trois mille agents dont quatre cent trente-huit moururent pour la France tels Alfred Jassaud, le Bison de L'Armée des ombres qui avait dit : « La victoire, c'est le sacrifice. » Issue de la grande bourgeoisie, l'ancienne responsable du périodique L'Ordre national s'aperçut vite que trop de ses anciennes relations rêvaient de « tâches de rénovation en commun » avec les occupants nazis. À Vichy, elle fut envahie par « une douleur pétrie d'humiliation et de rage impuissante ».

Chef d'état-major clandestin de Loustanau-Lacau qu'elle remplaça après son arrestation, elle ne remit jamais en cause le principe d'une affiliation directe « aux Anglais qui seuls conduisaient la guerre », et ce n'est qu'en avril 1944 que le S. R. Alliance fut intégré aux services spéciaux de la France combattante. Les femmes et les hommes d'Alliance voulurent livrer un « combat sans idole », complémentaire de l'action nationale du général de Gaulle, mais ils furent plus dans la ligne du général Giraud qu'ils aidèrent à quitter la France. Les questions de souveraineté nationale n'étaient pas du ressort de ces techniciens du renseignement dont le premier chef avait soutenu que plus il y aurait de mouvements parallèles, plus la France libre serait forte. Lorsqu'elle devint gaulliste à part entière, M.-M. Fourcade fut amenée à regretter ces « barrières absurdes » et le tournoi entre Français « pour conquérir l'honneur d'être les plus forts face à l'adversité ».

Le S.R. Alliance organisa le quadrillage en secteurs de la zone non occupée pour recueillir des informations, faire tourner des courriers, organiser le passage d'hommes et de renseignements tant à travers la ligne de démarcation qu'à travers la frontière espagnole. Le cœur du réseau était la centrale de renseignements où s'analysaient les données recueillies et se préparaient les missions en fonction des demandes britanniques. Opérationnelle à Pau au début de 1941, elle fonctionna ensuite à Marseille puis à Toulouse avec un P.C., un point de chute, des points d'hébergement et de filtrage. Les six personnes du noyau de base de juin 1940 se retrouvèrent plus de cinquante dès la Noël de 1940. « Unis dans l'allégresse d'une confiance inébranlable », ils furent les recruteurs de près de trois mille agents. L'improvisation due à la défaite obligea à « n'utiliser que des volontaires, parfois plus turbulents qu'efficaces », mais la conception des noyaux – une source, une boîte aux lettres, un transmetteur, un radio pour les urgences donna des résultats très positifs, même si les insuffisances du cloisonnement facilitèrent la répression.

À l'automne de 1941, le réseau de M.-M. Fourcade, ce sont six émetteurs radio qui transmettent à Londres et l'esquisse d'une aérospatiale clandestine par avions lysanders.

Ce sont des agents de liaison chargés des services les plus ingrats : « des milliers de kilomètres par voie ferrée, des attentes interminables aux rendez-vous, des transports à vélo incessants de plis et de matériel compromettants ».

Dévouement et sens de l'organisation donnèrent des résultats. Les renseignements s'ordonnèrent par secteurs : air, mer, terre-industries-résultats de bombardements-transports en cours d'opération-psychologique-politique. Les indications sur les U. Boot présents en Méditerranée,[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

Classification

Pour citer cet article

Charles-Louis FOULON. FOURCADE MARIE-MADELEINE (1909-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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