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STADER MARIA (1911-1999)

La soprano suisse d'origine hongroise Maria Stader (de son nom d'origine Maria Molnár) naît à Budapest le 5 novembre 1911. La Première Guerre mondiale la laisse orpheline ; un convoi de réfugiés de la Croix-Rouge l'amène en Suisse, où elle est adoptée en 1922 par Hans Stader et son épouse, qui résident à Romanshorn, sur les rives du lac de Constance. Elle commence des études de chant à Saint-Gall, avec Mathilde Baerbach-Keller, avant de les poursuivre, à partir de 1933, avec le père de cette dernière, Hans Keller, à Karlsruhe, puis avec l'alto Ilona Durigo, à Zurich, et Arrange Lombardi, à Milan. La contralto Therese Schnabel-Behr, épouse du grand pianiste Artur Schnabel, parachève sa formation à New York.

En 1939, Maria Stader remporte le premier prix (voix de femme) du premier Concours international d'exécution musicale de Genève. La Seconde Guerre mondiale freine dès son début une carrière qui s'annonce brillante. La paix revenue, elle fait quelques apparitions sur les scènes lyriques, notamment dans le rôle de la Reine de la nuit de La Flûte enchantée de Mozart, durant la saison 1949-1950 du Covent Garden de Londres. Mais le monde du théâtre, qui exige un fort tempérament dramatique, n'est pas le sien. Aussi, très vite, elle se consacre aux concerts, aux récitals ainsi qu'à l'enregistrement pour la radio et pour le disque. Elle triomphe au festival de Salzbourg, ce qui lui vaut, en 1950, la médaille Lilli-Lehmann décernée par le Mozarteum. Elle fait ses débuts aux États-Unis en 1954, se produisant avec le Philharmonique de New York, l'Orchestre de Philadelphie et l'Orchestre de Cleveland. En 1956, elle donne en Israël, avec l'Orchestre philharmonique d'Israël dirigé par Ferenc Fricsay, Lucia di Lammermoor de Donizetti en version de concert. Parallèlement, elle enseigne à la Musikakademie de Zurich puis à l'Opernstudio de cette même ville. Elle épouse en 1959 le chef d'orchestre suisse Hans Erismann et fait ses adieux à la scène en 1969, au Carnegie Hall de New York, avec le Requiem de Mozart. Elle se consacre alors à l'enseignement du chant et rédige son autobiographie, Nehmt meinen Dank (1979). Elle meurt à Zurich le 27 avril 1999.

C'est par la limpidité de son timbre et par la pureté de son style que Maria Stader a conquis la célébrité. Mozart était au centre de son répertoire : les messes et les airs de concert mais aussi des extraits des opéras qu'elle ne donnait pas en intégralité sur scène. Bach, dont la rigueur et l'intériorité lui étaient très proches, l'était tout autant : ses versions du Magnificat et de la Messe en si sous la direction de Karl Richter en compagnie de Herta Töpper, d'Ernst Haefliger et de Dietrich Fischer-Dieskau ont durablement dominé la discographie. Eugen Jochum la choisit pour enregistrer la musique religieuse d'Anton Bruckner (Te Deum, Messe no 3, Psaume 150). Bruno Walter l'invite à tenir la partie soliste dans le dernier des quatre mouvements de la Quatrième Symphonie de Gustav Mahler. Ferenc Fricsay la retient pour un Requiem de Verdi pourtant bien éloigné de son univers familier. Tous ces grands chefs avaient reconnu en Maria Stader une discrète mais parfaite musicienne.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. STADER MARIA (1911-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )