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SCHNEIDER MARIA (1952-2011)

Fille d'un mannequin roumain et de l'acteurDaniel Gélin (qui ne l'a jamais reconnue), Maria Schneider est née à Paris en 1952. Ayant interrompu ses études, elle est attirée par le cinéma où elle commence à faire de la figuration. À dix-sept ans, elle est remarquée par Brigitte Bardot lors du tournage des Femmes de Jean Aurel. L'actrice la prend sous sa protection. Maria Schneider commence à se produire dans des films de Terence Young, Roger Kahane, Roger Vadim, Jean-Pierre Blanc, Jean-Michel Barjol.

En 1971, elle est choisie par Bernardo Bertolucci pour tourner au côté de Marlon Brando dans Le Dernier Tango à Paris. Une grande notoriété la frappe brutalement lors de la sortie du film en 1972 : son personnage de jeune fille libérée se prêtant aux caprices sexuels de son compagnon provoque le scandale. Maria Schneider ne se remettra jamais complètement d'une œuvre qui va lui coller à la peau et qui, de façon prémonitoire, annonce de grandes difficultés existentielles. Pourtant, trois ans plus tard, elle apparaît radieuse et apaisée. Dans Profession : reporter de Michelangelo Antonioni, elle suit la dérive d'un homme (interprété par Jack Nicholson) en crise d'identité dans son errance espagnole – merveilleuse image d'une femme en robe multicolore sur les toits de la maison Gaudí à Barcelone. Elle tourne alors régulièrement sous la direction des metteurs en scène les plus divers : René Clément (La Baby-sitter, 1975), Daniel Schmid (Violanta, 1977), Philippe Garrel (Voyage au jardin des morts, 1978), Daniel Duval (La Dérobade, 1979, le film lui vaut un césar du second rôle), David Hemmings (Just a Gigolo, 1979, avec David Bowie), Werner Schroeter (Weisse Reise, 1980). Pour Merry-Go-Round (1983), Jacques Rivette lui propose d'organiser la distribution autour de sa féminité singulière. L'année suivante, elle est en Italie pour interpréter un personnage énigmatique dans L'Imposteur (Cercasi Gesù) de Luigi Comencini.

La carrière de Maria Schneider est toutefois plus incertaine qu'il n'y paraît. La consommation de drogue altère son caractère. Elle plonge dans des phases de dépression qui l'éloignent des studios. Son image souffre de ses excès. La radieuse image de la jeune fille épanouie laisse la place à une femme – également militante de la cause homosexuelle – dont les traits se creusent et le visage se durcit. À partir de 1983, les tournages s'espacent et elle n'interprète plus que des personnages secondaires. On la voit par exemple en 1992 dans Au pays des Juliets de Mehdi Charef et Les Nuits fauves de Cyril Collard, en 1996 dans Jane Eyre de Franco Zeffirelli, en 2000 dans Les Acteurs de Bertrand Blier, en 2002 dans La Repentie de Laetitia Masson, en 2009 dans Cliente de Josiane Balasko. Au cours de ces années, elle tourne aussi pour la télévision, en France et en Italie.

Maria Schneider meurt d'un cancer en février 2011. En 2001, à l'occasion du festival du film de femmes de Créteil qui lui rendait hommage, elle était apparue sur la défensive. Comme le notait Philippe Azoury dans Libération du 24 mars 2011 : « Maria Schneider reste un mystère, elle donne continûment la sensation de fuir, d'échapper aux malentendus dans lesquels ont baigné ses débuts, à toutes références qui pourrait la cataloguer dans tel ou tel univers. L'ironie détachée de son regard, la douceur rauque de sa voix légendaire et l'attention qu'elle porte aux questions ne suffisent pas à dissiper cette impression que, dans le suspense de ses réponses, elle continue de se demander ce que l'on attend d'elle et l'on devine une crainte. » Sans doute, celle de vivre.

— Jean A. GILI

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

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Jean A. GILI. SCHNEIDER MARIA (1952-2011) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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