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WINDTHORST LUDWIG (1812-1891)

Issu d'une famille de juristes et de fonctionnaires, Ludwig Windthorst devient avocat à Osnabrück, dans le royaume de Hanovre. Il prend part au mouvement de renaissance catholique puis, à partir de 1849, se consacre à l'activité politique. Il appartient au parti gouvernemental hanovrien, dont il va devenir le chef. Favorable à un régime politique constitutionnel et à une politique grand-allemande, il se montre hostile aux ambitions prussiennes. Président de la Chambre en février 1851, il est le premier catholique à devenir ministre de la Justice du Hanovre (1851-1852, puis 1856-1865). Lorsque, en 1866, le royaume de Hanovre est annexé à la Prusse, Windthorst mène pour la maison royale hanovrienne les négociations qui aboutissent à un arrangement en 1867. Il est élu, la même année, député à la Chambre prussienne et au Reichstag. À partir de 1871, il appartient à la « fraction » du Centre (Zentrum) au Reichstag et va très vite en devenir le chef.

Bismarck entreprit le Kulturkampf avant tout par hostilité envers le Centre, parti démocratique de masse fondé sur une base confessionnelle et qu'il jugeait dangereux pour l'œuvre unitaire. Windthorst conduit la défense catholique. Refusant de sortir de la légalité, il se place sur le terrain du droit commun et du respect de la liberté de conscience. Cette tactique permet au Centre de rassembler l'électorat catholique : de 1871 à 1874, il fait plus que doubler ses voix. À partir de 1878, Bismarck, qui rompt avec les nationaux-libéraux et a besoin de l'appui du Centre, met une sourdine aux mesures contre l'Église catholique. Windthorst n'hésite pas, désormais, à soutenir le gouvernement lorsque celui-ci propose des mesures proches du programme du Centre. Il affirme le loyalisme du parti : « Le Centre n'est pas un parti d'opposition quand même ou à outrance ; il soutient le gouvernement, même si cet appui ne correspond pas totalement à sa conviction, chaque fois que sont en jeu les bases de l'État. »

En janvier 1887, le Centre, contre l'avis du Saint-Siège, refuse de voter le budget militaire pour sept ans. Windthorst affirme là l'indépendance politique du parti. Après la dissolution de la Chambre et les élections du 22 janvier 1887, le projet est voté par la nouvelle Chambre : le Centre s'abstient. La même année, Bismarck met fin au Kulturkampf par une négociation directe avec la curie romaine, qui répugnait à agir par le biais d'un parti parlementaire, au grand mécontentement de Windthorst. Dans les dernières années de sa vie, le leader du Centre s'oppose de nouveau à Bismarck, dont il désapprouve le recours à l'intervention de l'État en matière sociale. Cependant, Windthorst demeure favorable aux réformes sociales dès lors qu'elles ne mènent pas à l'étatisme : il contribue à la naissance en 1890 du Volksverein, l'Association populaire pour l'Allemagne catholique.

Petit de taille, presque aveugle à la fin de son existence, Windthorst fut le principal adversaire parlementaire de Bismarck. Brillant juriste, dialecticien habile, il fut un remarquable chef de parti qui sut, malgré maintes divergences, maintenir l'unité politique du Centre. Il incarne un modèle de parlementaire catholique qui, bien que non libéral, était attaché à la défense des libertés sur le terrain constitutionnel. On le vit lorsqu'il s'opposa aux lois d'exception contre les socialistes. Ce catholique pieux, qui se soumit lors de la proclamation de l'infaillibilité pontificale, souhaitait aussi, comme il le montra à plusieurs reprises, la liberté du chrétien dans l'Église.

— Jean-Marie MAYEUR

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Écrit par

  • : professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne.

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Pour citer cet article

Jean-Marie MAYEUR. WINDTHORST LUDWIG (1812-1891) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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