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LI SI[LI SSEU](280-208 av. J.-C.)

Politicien de la Chine ancienne, Li Si contribua d'une façon décisive, en tant que Premier ministre de l'Empire des Qin (~ 221-~ 206), à la grande entreprise de l'unification de la Chine sous l'hégémonie de son maître Qin Shi Huangdi.

Il fut, auprès de Lü Buwei, le condisciple de Han Feizi, dont, pendant toute sa carrière, il devait appliquer les idées. Il fut responsable de l'unification de l'écriture chinoise (qui, auparavant, différait sensiblement d'un État à un autre), des poids et des mesures, ainsi que de l'uniformisation de la dimension des essieux, mesure qui devait consacrer définitivement la libre circulation des denrées et des idées. En ~ 213, Li Si ordonna la grande destruction des livres — c'est pour cette raison que les lettrés chinois des époques postérieures l'ont regardé comme l'un des grands criminels de l'histoire chinoise. En réalité, la proscription ne s'appliqua qu'aux classiques confucéens ; les livres taoïstes, ainsi que tous les ouvrages techniques, en étaient exclus. Cette mesure ressemble donc beaucoup à la campagne anticonfucianiste de la Chine actuelle.

L'empereur, vers la fin de sa vie, se retira de plus en plus de la vie publique, vivant dans le secret le plus absolu à l'intérieur de son grand palais de Xianyang, où seuls quelques conseillers et confidents savaient exactement dans quel appartement il était. Cette situation laissait à Li Si un pouvoir pratiquement absolu dans la gestion de l'Empire. Le secret des déplacements de l'empereur était si bien gardé que, lorsque celui-ci mourut, au cours d'un voyage dans les provinces orientales, même les membres de l'escorte l'ignorèrent. Le prince héritier étant connu pour son opposition au Premier ministre, Li Si remplaça le testament de l'empereur, qui désignait ce prince pour lui succéder, par un décret lui ordonnant de se suicider. Li Si fit ainsi monter sur le trône le deuxième fils de l'empereur. Ce nouvel empereur, âgé de vingt et un ans, était le jouet des eunuques ; ces derniers finirent par discréditer Li Si, qui mourut entre les mains des tortionnaires.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. LI SI [LI SSEU] (280-208 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONFUCIUS & CONFUCIANISME

    • Écrit par ETIEMBLE
    • 14 434 mots
    • 2 médias
    ...Des siècles durant, ce fut néanmoins son lot, par une décision délibérée des confucéens orthodoxes. Son crime ? Avoir formé deux hommes, Han Feizi et Li Si, qui s'illustrèrent comme théoriciens de l'école de la loi, ou du légisme, et qui furent les conseillers du terrible Qin Shi Huangdi. On le tient...
  • HAN FEIZI [HAN FEI-TSEU] (env. 280-234 av. J.-C.)

    • Écrit par Léon VANDERMEERSCH
    • 645 mots

    Le plus grand des penseurs de l'école chinoise des Légistes, Han Feizi naquit dans la seigneurie de Han, dont le nom lui sert de patronyme. Fils de seigneur, il ne reçut pourtant jamais ni titre ni office : ses critiques répétées des mœurs politiques régnant à la cour seigneuriale lui valurent...

Voir aussi