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LÉONIN maître, lat. magister LEO ou LEONINUS (2e moitié XIIe s.)

Le premier musicien connu de l'école de Notre-Dame de Paris (Ars antiqua) à l'époque de l'organum à vocalises (ou organum fleuri). On ignore tout de sa vie et même de ses fonctions précises ; c'est un théoricien anglais, appelé Anonyme IV (Coussemaker, Scriptorum de musica medii aevi, 4 vol.) qui, vers 1275 — soit un siècle après — nous parle de lui : « Remarquez que maître Léonin fut un excellent organista, qui a fait un grand livre d'organum pour le Graduel et l'Antiphonaire, afin de répandre le service divin. Ce livre a été en usage jusqu'au temps du grand Pérotin qui l'abrégea et écrivit en grand nombre des clausules ou cadences plus belles, car c'était un très bon déchanteur (optimus discantor) et meilleur que Léonin. »

Organista signifie vraisemblablement soit qu'il chantait lui-même la voix organale, soit qu'il la composait, soit qu'il la chantait et la composait ; il ne faut sans doute pas comprendre qu'il jouait de l'orgue. Le Magnus Liber organi de gradali et antiphonario pro servitio divino multiplicando, auquel il est fait allusion, comportait des pièces d'organum à deux voix ; on ne les connaît pas sous leur forme primitive, mais seulement dans la version que Pérotin en fit ; celui-ci ajouta une troisième voix. L'organum de Léonin se présente ainsi : sur les syllabes du texte liturgique (Antiphonaire, Graduel) se trouve un grave (ténor, ou teneur, c'est-à-dire « qui soutient le déchant » — discantum tenet) en valeurs longues ou très longues, au-dessus duquel la voix organale déroule des mélismes obéissant à une mesure, qui pouvaient être en partie improvisés par un « déchanteur » (discantor) exercé. L'activité de Léonin se situe vers 1180, époque où la cathédrale de Paris fut ouverte au culte (1182). Du duplum de Léonin, on passa très rapidement avec Pérotin et les compositeurs et théoriciens du xiiie siècle au triplum et au quadruplum. Parmi ces derniers, auxquels Léonin a ouvert la voie, citons Jean de Garlande (un Anglais ayant vécu à Paris et à Toulouse), Robert de Sabilon (successeur de Pérotin) et les deux Francon (de Paris et de Cologne).

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. LÉONIN maître, lat. magister LEO ou LEONINUS (2e moitié XIIe s.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARS ANTIQUA

    • Écrit par Edith WEBER
    • 1 876 mots
    • 2 médias
    ...Saint-Martin-des-Champs, et à Notre-Dame. Le Codex calixtinus le mentionne, en 1140, comme étant l'auteur d'un conduit à trois voix, Congaudeant catholici. Léonin (Magister Leoninus) est, avec Albert, le premier musicien connu. Selon l'Anonyme IV, il est optimus organista (compositeur d'organa...
  • CONTREPOINT

    • Écrit par Henry BARRAUD
    • 4 643 mots
    ...longue). Dans les premières années du xiiie siècle, ce genre atteint à son apogée dans le cadre de l'École de Notre-Dame où brillent les noms de Léonin et surtout de Pérotin. Celui-ci traite couramment l'organum à trois ou quatre voix, ces voix évoluant le plus possible dans un rythme qui leur...
  • PÉROTIN (XIIe-XIIIe s.)

    • Écrit par Roger BLANCHARD
    • 2 506 mots

    Pérotin est un compositeur français du Moyen Âge dont le nom reste attaché à l'essor de la polyphonie et de l'école parisienne dite école de Notre-Dame. C'est, en effet, alors que s'édifiait la cathédrale et que l'Université de Paris rayonnait dans tout le monde occidental, que les musiciens...

Voir aussi