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LE LIVRE DU COURTISAN, Baldassarre Castiglione Fiche de lecture

Balthazar Castiglione, Raphaël - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Balthazar Castiglione, Raphaël

Commencé vers 1513, achevé vers 1524, corrigé sans cesse jusqu'à sa publication à Venise en 1528, Le Livre du courtisan de Baldassarre Castiglione (1478-1529) est le chef-d'œuvre unique et solitaire d'un homme qui entendait en faire la bible des nouvelles cours. Le succès du texte fut aussi immédiat que durable, non seulement dans l'Italie du xvie siècle, mais dans toute l'Europe jusqu'à la fin du xviiie siècle.

Fils d'un noble mantouan, apparenté aux Gonzague, Castiglione a d'abord conduit lui-même une vie de courtisan auprès des cours septentrionales italiennes des Sforza, à Milan, des Gonzague, à Mantoue, ou des Montefeltro, à Urbin, avant d'embrasser une carrière ecclésiastique et de passer au service de la curie pontificale de Clément VII, qui l'envoie en 1524 comme nonce auprès de l'empereur Charles Quint, à Madrid, dans la plus brillante et la plus importante des cours de ce temps, où il finit sa vie.

Un jeu de société

Les conversations du Livre du courtisan sont censées se dérouler dans la petite cour d'Urbin en 1506, alors que Castiglione est en mission diplomatique en Angleterre. Là se réunissent tous les soirs, en l'absence du duc Guidubaldo de Montefeltro, malade, et autour de la duchesse Elisabetta, quelques-uns des représentants de la fine fleur de la noblesse de la péninsule. Dans chacun des quatre livres un ou deux participants sont chargés par la duchesse ou par sa « lieutenante », Emilia Pia, de proposer leur conception de telle ou telle question, liée à la formation d'un parfait courtisan, non sans susciter les critiques assez vives d'autres interlocuteurs, ce qui fait du dialogue une véritable conversation contradictoire et animée. La cour parle et se parle sur la scène du Livre du courtisan, tentant de présenter au lecteur, complice et semblable, un exemple en situation de son meilleur visage.

Baldassarre Castiglione aborde ainsi tout ce qui est nécessaire pour « former par des mots un parfait courtisan » en traitant tour à tour l'exercice des armes (« profession » du courtisan), la langue, l'éducation aux arts et belles-lettres (livre I), les rapports avec le prince et avec ses pairs, les facéties et autres bons mots (livre II), la place de la femme dans la cour et ses relations avec le courtisan (livre III). Dans un ultime livre, qui donne son sens à l'ouvrage, l'auteur revient sur la vraie « fin » du courtisan : son rôle nécessaire de « conseiller du prince », ou plutôt d'ami proche chargé de lui « dire partout et toujours la vérité », capable qu'il est de contrôler et gouverner ses passions parce qu'il sait, par l'expérience de l'amour, gravir les degrés de l'ascèse néo-platonicienne célébrée dans les dernières pages du dialogue.

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Écrit par

  • : professeur au département d'études italiennes de l'université de Paris-VIII, Vincennes-St-Denis
  • : Maître de conférences à l'École normale supérieure des Lettres et sciences humaines, Lyon

Classification

Pour citer cet article

Jean-Louis FOURNEL et Jean-Claude ZANCARINI. LE LIVRE DU COURTISAN, Baldassarre Castiglione - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Balthazar Castiglione, Raphaël - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Balthazar Castiglione, Raphaël

Autres références

  • CASTIGLIONE BALDASSARRE (1478-1529)

    • Écrit par Paul RENUCCI
    • 1 520 mots
    • 1 média

    Si détaché qu'il semble de la dure histoire italienne du temps où il fut écrit, Le Parfait Courtisan (Il Cortegiano) de Castiglione est le fruit d'une expérience à la fois guidée, compensée et transcendée par un idéal éthique foncièrement tributaire de la culture humaniste. Il a constitué,...

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIe s.

    • Écrit par Patrick DANDREY
    • 7 270 mots
    ...chevalier de Méré, théoriciens de l’honnêteté dans le sillage une fois encore de Montaigne, et héritiers plus lointains des réflexions de l’Italien Baldassarre Castiglione, dont le Livre du courtisan (1528) avait fixé les normes de l’esprit de société, de civilité et d’élégance porté à hauteur d’idéal...

Voir aussi