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LABRADOR, minéralogie

Tectosilicate, le labrador est un aluminosilicate de sodium et de calcium appartenant à la famille des feldspaths et faisant partie de la série des plagioclases. Le labrador est rarement cristallisé. En masse, il est souvent de couleur brun bleuté à bleu-vert ou mauve et présente surtout une irridescence très caractéristique : sa texture étant lamellaire, l'épaisseur optique des feuillets est de l'ordre de la longueur d'onde de la lumière visible, ce qui provoque de vives interférences colorées rappelant le jeu de lumière de l'opale. On confond souvent, à tort, le labrador et la labradorite ; le labrador est un minéral, la labradorite une roche effusive de type andésitique, par son faible taux en minéraux ferromagnétiques, et de type basaltique, par la présence de plagioclases, notamment de labrador, qui peut être largement majoritaire.

formule : Na[AlSi3O8], Ca[Al2Si2O8] ;

système : triclinique, classe holoédrique ;

dureté : 6-6,5 ;

poids spécifique : 2,6-2,8 ;

éclat : de nacré à vitreux ;

transparence : d' opaque à translucide ;

cassure : irrégulière, esquilleuse.

Ce minéral a été découvert en 1770 au Canada, dans la région du Labrador (d'où son nom), par le père Adolphe, qui remarqua que la pierre chatoie dans des teintes bleues et vertes lorsqu'on la déplace dans la lumière. Les premiers labradors furent rapportés en Europe en 1775.

Le labrador fait partie des feldspaths calcosodiques, ou plagioclases, qui forment une série isomorphe et continue de l'albite sodique (Na[AlSi3O8]) à l'anorthite calcique (Ca[Al2Si2O8]). On a pour habitude de désigner les termes intermédiaires selon leur teneur en anorthite (An). Ainsi, l'anorthite elle-même contient de 90 à 100 p. 100 d'anorthite (An90—100) ; puis, en allant vers le pôle sodique : la bytownite (An70—90), le labrador (An50—70), l'andésine (An30—50), l'oligoclase (An10—30) et l'albite (An0—10). Dans cette série, la teneur en SiO2 varie continûment et on distingue les plagioclases acides (An < 30) et les plagioclases basiques (An > 30). Tous ces minéraux se distinguent facilement par leurs macles polysynthétiques, dites justement de l'albite, particulièrement visibles au microscope optique avec une lumière polarisée, sous laquelle ils peuvent montrer une zonation caractéristique, qui traduit soit des variations de composition chimique, soit des phénomènes de recristallisation. À l'œil nu, seul le labrador présente ce jeu de couleur à l'éclat nacré, voire submétallique.

Le labrador est un minéral essentiel des roches intrusives ou effusives à composition basique (gabbros, basaltes, norites, anorthosites, etc.) et des roches du métamorphisme régional ou de contact de température moyenne. Ses gisements sont nombreux. Outre ceux du Labrador (Terre-Neuve), on peut signaler ceux d'Ukraine (région de Kiev), d'Italie (tufs volcaniques de l'Etna), de Finlande (Lammenpaa et Oyamo ; en Carélie, le gisement d'Ylijärvi a livré un labrador donnant toutes les couleurs spectrales visibles, la spectrolite), de nombreux sites des États de New York et de l'Oregon, de Madagascar, du Brésil, d'Autriche ou de Suisse... En France, on connaît le labrador dans les schistes cristallins du Cantal (Bouzentès, Espinasse et Sériers), dans le Puy-de-Dôme aux environs d'Ardes, dans les Pyrénées en région de Saint-Béat (Haute-Garonne), dans les gabbros situés près du Pallet (Loire-Atlantique) et dans ceux du cap Corse...

Le labrador est utilisé dans l'industrie de la céramique et des réfractaires ; les spécimens iridescents sont façonnés en cabochon ou en sphère pour la bijouterie (le labrador est sans conteste le minéral à couleurs changeantes le plus utilisé), ou sculptés en objets ornementaux. La labradorite très riche en labrador est appréciée en ornementation architecturale,[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. LABRADOR, minéralogie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BASALTES ET GABBROS

    • Écrit par Jean-Paul CARRON, Universalis, René MAURY
    • 3 670 mots
    • 2 médias
    Leplagioclase est le plus souvent du labrador ; par convention, on parle de diorite lorsque la basicité tombe au-dessous de la valeur An50. En raison de l'absence de zonation, ainsi que pour des raisons statistiques, cette coupure entre diorites et gabbros ne soulève aucun des problèmes théoriques...
  • FELDSPATHS

    • Écrit par Jean-Paul CARRON
    • 4 815 mots
    • 9 médias
    ...tous tricliniques, on distingue suivant les valeurs croissantes de y : l'albite (0-10), l'oligoclase (10-30), l'andésine (30-50), le labrador (50-70), la bytownite (70-90) et l'anorthite (90-100). Les coupures ainsi établies sont purement arbitraires, car il existe une variation continue...

Voir aussi